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Quartier Gourmand, une cantine aux petits oignons

Alors que l’aide alimentaire concerne 7 millions de personnes en France selon le Comité National de Coordination de la lutte contre la précarité alimentaire, un restaurant éphémère a vu le jour dans le quartier du Blosne, à Rennes. Ce projet appelé “Quartier gourmand” a fonctionné pendant 3 semaines afin de tester l’appétit des clients pour une cantine de quartier. À l’issue, le constat est très positif. Quartier Gourmand cherche donc un local pour ouvrir une cantine à temps plein dès l’année prochaine.

Quartier Gourmand est un projet porté par 2 associations : Au P’tit Blosneur, qui encourage les échanges et relations entre les habitants d’un même quartier, et les Cols Verts Rennes, une ferme urbaine située à Chantepie. Près de 50 repas ont été distribués quotidiennement grâce à l’implication de 5 bénévoles qui se retrouvaient chaque matin pour réaliser les menus.

“Il n’y a pas ou peu de service alimentaire dans le quartier du Blosne, ni d’espace de convivialité alors qu’il y a des problématiques d’isolement et de lien social”, explique Eva Muratore, chargée de développement du Quartier Gourmand. C’est ce constat qui a donné naissance à ce projet de cantine de quartier, développé pendant 1 an et demi et testé entre le 9 et le 27 mai, du mercredi au samedi. 

Objectif : créer du lien en utilisant la nourriture comme prétexte de rencontre, en favorisant l’accessibilité alimentaire pour tous. Deux associations ont uni leurs forces pour mener à bien ce projet, spécialisé dans la création de liens entre habitants. Au P’tit Blosneur a permis à Quartier Gourmand d’accéder à ses locaux, équipés d’une cuisine pour l’occasion. Quant à la ferme urbaine les Cols Verts Rennes, elle a livré une partie des légumes cuisinés tous les jours grâce à sa parcelle de production maraîchère bio à Chantepie. Reprenant les codes de la restauration avec son grand menu du jour affiché au mur, ses torchons personnalisés accrochés au plafond, ses tables colorées et ses chaises en bois, l’endroit se veut accueillant et convivial.

Local du Quartier Gourmand

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Des recettes simples

Pour proposer ces plats, le Quartier Gourmand a fait appel à des bénévoles. Venus le matin pour cuisiner ou le midi pour servir, plus de 150 bénévoles se sont déplacés au restaurant pendant les 3 semaines. Fanny, la cuisinière, leur transmettait les recettes à chaque fin de journée pour leur permettre de les reproduire chez eux. Ces recettes simples, à faible budget et mettant les produits de saison en valeur ont été imaginées en fonction de leur facilité de réalisation et d’accès aux matières premières. Au total plus de 350 repas ont été servis en 3 semaines. Par ailleurs, un système de livraison à domicile était proposé pour les personnes ne pouvant se déplacer jusqu’au restaurant. Pour cela, les bénévoles livraient les repas à pied et en binôme pendant 1 heure.

« Ici c’est en tout temps un café associatif, une cuisine partagée, une cabane à don et d’autres activités de distribution alimentaire. », Eva Muratove, chargée de développement

Des cartes communicantes

Pour recruter les bénévoles et faire connaître le projet, Quartier Gourmand s’est basé sur les 2 associations et des partenaires de quartier. De plus, Unis-cité, l’association pionnière du service civique en France, leur a prêté un vélo transformable en stand pour leur permettre de sillonner les marchés. Quartier Gourmand proposait aux passants de réaliser des cartes personnalisées, créées en appliquant des légumes encrées dessus. Ces cartes originales ont par la suite été distribuées gratuitement pendant les livraisons à domicile. 

Pour s’inscrire, les futurs bénévoles devaient passer au local ou appeler Déborah Rivallain, chargée de financement et de mobilisation pour Quartier Gourmand. “Il y avait une vraie logique intergénérationnelle parmi nos bénévoles. Nous avons reçu des jeunes de 16/17 ans accompagnés ou avec une autorisation, mais aussi des personnes de 75 ans”, explique Eva. Pour faciliter l’intégration des bénévoles, Quartier Gourmand s’est appuyé sur l’expertise de Benenova, association permettant de favoriser la première expérience de bénévolat.

Présentoire avec les cartes personnalisés

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Une tarification solidaire simple

Pour financer ce restaurant, un modèle économique hybride a été mis en place. Tout d’abord, les organisateurs souhaitaient proposer une tarification solidaire pour créer du lien. Ainsi, les clients choisissaient ce qu’ils souhaitaient payer entre 3,80€, 8€ et 15€ pour entrée, plat et dessert. “C’était important pour nous de permettre à tout le monde de pouvoir accéder à un repas de qualité dans un environnement chaleureux”, souligne Eva, qui constate que la moitié des bénéficiaires accepteraient de payer entre 3,80€ et 8€. Ensuite, au-delà la participation financière, les bénévoles, grâce à leur engagement, ont permis de faire vivre ce projet. Enfin, les collectivités, les fonds publics et les fonds privés ont permis de boucler le budget.

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Un local pour 2024 ?

À l’issue du test, cette expérimentation s’est révélée plus que concluante, et tous les participants ont pu s’en réjouir lors de la fête de clôture qui a eu lieu samedi 27 mai. Vendredi 16 juin, c’est un chèque de 5 000€ qui sera remis par la Fondation Crédit Coopératif pour imaginer la suite de l’aventure. “C’est un beau coup de pouce pour affirmer la crédibilité et la légitimité du projet”, confie Eva. Quartier Gourmand est donc en recherche d’un local pour ouvrir une cantine de quartier toute l’année dès 2024.

Bastien BAEHR

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