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Ecotrophelia : quand les étudiants inventent l’alimentation de demain
C’est à Rennes, jusqu’au 30 juin, que se déroule la 24ème édition d’Ecotrophelia, un concours national mettant à l’honneur les innovations alimentaires créées par des étudiants. 19 projets, venus de toute la France, cherchent à convaincre un jury de professionnels. Rencontre avec 3 équipes bretonnes qui ne manquent pas d’idées. Elles proposent un café sans café, une boisson up-cyclée et des biscuits bons pour la vue.
Après 2 années à Nancy, Ecotrophelia, l’événement réservé aux étudiants de la filière agro-alimentaire, met le cap sur la Bretagne, première région agro-alimentaire d’Europe. Durant 3 ans, ces futurs ingénieurs ont imaginé des projets innovants qui suivent les grandes tendances de la transition alimentaire. Une vingtaine d’équipes venues de toute la France concourt pour 9 trophées, 2 prix et 1 mention qui seront décernés vendredi 30 juin à Rennes. L’innovation gagnante du prix Or se verra sélectionnée pour représenter la France lors du concours Ecotrophelia Europe, qui se déroulera en Espagne au mois d’octobre.
Et si on faisait un café plus éco-responsable… sans café ? C’est le défi a priori surprenant que 5 étudiantes en dernière année d’ingénieur agro-alimentaire à l’école nationale Oniris Nantes, ont voulu relever. Pour mettre au point ce produit alternatif, elles ont cherché à mieux connaître la boisson préférée des français qui traverse les océans pour arriver dans nos tasses. Elles ont voulu remplacer le café par une plante alternative, poussant en France, et susceptible d’être, elle aussi, torréfiée.
Après plusieurs essais, leur choix s’est arrêté sur le lupin. Produit à Nantes, cette herbacée faisant partie des légumineuses (comme le soja ou les lentilles), possède des racines profondes lui permettant de capter l’eau en profondeur et d’extraire du phosphore. De cette façon, cette plante destinée généralement aux animaux, reminéralise le sol et demande moins d’eau que les céréales. Après plusieurs essais de torréfaction, le résultat était atteint avec un goût proche de celui du vrai café. Mais un autre objectif attendait ces étudiantes: trouver un conditionnement facile à utiliser et rassurant pour les consommateurs. Pour cela, elles ont contacté une entreprise dans le sud-ouest capable de fournir des capsules compostables à base de maïs.
“Nous avons optimisé tous les paramètres de l’usage et de la consommation par rapport au café traditionnel”, souligne Maïann Dautrey, co-créatrice de cette boisson à base de lupin baptisée “Arsène” dans un clin d’œil au célèbre gentleman cambrioleur. Ce café se retrouve donc en 2 formules : Arsène classique, composée à 100% de lupin et Arsène tonique, composé de lupin, de noisette et de ginseng pour l’effet énergisant.
Ainsi, Arsène permet de réduire de 95% l’importation de matière première par rapport au café. Encore sous le statut de “projet étudiant”, le groupe souhaite déposer la marque à la rentrée et envisage une commercialisation fin 2024.
« En mangeant mieux, on peut rester en bonne santé plus longtemps»
Camille Dany, co-créatrice de Mir&Tille
Une boisson up-cyclée
Après l’alternative au café, place à la boisson up-cyclée à base de pomme. Ce sont 7 étudiants en dernière année de l’institut Agro Rennes-Angers qui ont concocté ce breuvage sous la marque “Pom’peel’up”. Il s’agit d’une gamme de boissons alcoolisées, pétillantes et rafraîchissantes fabriquées à partir de marc de pomme, le composant solide de la pomme après broyage. “L’objectif était de valoriser ce co-produit dont les cidriers ne savent plus quoi faire”, confie Anaël Le Cam, co-créatrice de Pom’peel’up. Les étudiants se sont inspirés de l’up-cycling, une technique permettant de créer du neuf avec du vieux. Ils réutilisent donc le marc de pomme récupéré chez 3 cidriers locaux. Ils y ajoutent de la levure et du sucre pour obtenir des bulles naturelles grâce à la fermentation. Enfin, Pom’peel’up se décline en 3 saveurs : gingembre, cassis et miel. Les étudiants, soucieux de leur bilan carbone, utilisent des bouteilles consignées et proposent des dessous de verres réalisés à partir de déchets organiques. Encore en phase de test, ces bouteilles ne seront pas commercialisées avant plusieurs mois mais des démarches ont déjà été engagées pour déposer la marque.
Une pause gourmande et protectrice
Pour finir, une autre innovation bretonne est aussi présente à Ecotrophelia : Mir&Tille, elle aussi développée par 4 étudiants en dernière année de l’école nationale Oniris Nantes. Ils proposent des biscuits sains et gourmands conçus pour protéger les cellules des yeux. L’idée est venue d’un constat clair : c’est à 50 ans que certaines maladies oculaires se développent, souvent en lien avec une consommation excessive de sucre. Pour limiter ces risques, ces étudiants proposent une pause gourmande bonne pour les yeux.
Ils ont développé 2 biscuits à base de germe de blé et de kombu (algue japonaise) accompagné d’un fourrage à la myrtille et aux amandes. Une recette riche en zinc et en vitamines A, E et B2 permettant de maintenir une vision normale et de protéger les cellules contre le stress oxydatif. “En mangeant mieux, on peut rester en bonne santé plus longtemps”, explique Camille Dany, co-créatrice de Mir&Tille. Là aussi les emballages, recyclables, ont fait l’objet d’un soin particulier en partenariat avec Cartoffset, fabricant de packaging et de PLV depuis plus de 15 ans. L’équipe souhaite distribuer ses gourmandises dans tous les magasins Super U des Pays de La Loire et, plus surprenant, en version d’essai chez certains opticiens de la région. “Les opticiens sont des partenaires importants car ils sont les premiers à détecter ces maladies oculaires”, argumente Loïc Moral, co-créateur de Mir&Tille.
Ces 3 projets bretons sont donc en lice parmi 16 autres. Sauront-ils convaincre le jury ? Verdict ce vendredi 30 juin à 17h30.
Bastien BAEHR