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Les Lorientais trient leurs biodéchets... depuis 20 ans!

Les biodéchets représentent encore le tiers de la poubelle à ordures ménagères. (©Lorient Agglomération)
  • DANS L’AGGLOMÉRATION DE LORIENT, 8.000 TONNES DE BIODÉCHETS SONT COLLECTÉS CHAQUE ANNÉE

 

  • C’EST L’ÉQUIVALENT DE 38 KILOS PAR AN ET PAR HABITANT 

 

  • AINSI, LA PART DES DÉCHETS MÉNAGERS EST NETTEMENT INFERIEURE À LA MOYENNE NATIONALE 

 

Il ne reste plus que quelques semaines. Au 1er janvier 2024, les collectivités ont pour obligation de proposer une solution de tri des biodéchets à la source à leur habitants. Certaines sont en avance, comme Lorient Agglomération qui a déjà mis en place une collecte des biodéchets en porte à porte depuis 20 ans. Mais beaucoup d’autres « ne sont pas prêtes », selon l’association Zéro Waste. Entre avantages et solutions, coup de projecteur sur cette nouvelle réglementation.

Une échéance pour les collectivités : 1er janvier 2024

Comme tous les Français, les Bretons devraient voir leur poubelle s’alléger d’ici quelques semaines. Et pour cause, à partir du 1er janvier 2024, toutes les collectivités auront l’obligation de proposer une solution du tri des biodéchets à la source à leurs administrés. En France, ces déchets organiques, végétaux ou alimentaires, représentent 1/3 de la poubelle à ordures ménagères. 

Certaines collectivités ont donc pris les devants. Parmi elle, la communauté d’agglomération de Lorient fait figure d’exemple. Cette dernière a mis en place la collecte des biodéchets pour les 25 communes de l’agglomération, il y a 20 ans déjà.

Le compost est un très bon fertilisant pour les sols. ©Lorient Agglomération

« Limiter les déchets qui partent à l’enfouissement » 

Concrètement, les Lorientais disposent de trois poubelles : la jaune, la noire et… la verte. “En 2000, les élus de l’époque ont souhaité revoir le schéma de traitement des déchets pour faire de la valorisation matière. L’objectif étant de limiter le tonnage des déchets ménagers résiduels qui partaient à l’enfouissement », raconte Annick Guillet, vice-présidente chargée de la gestion et de la valorisation des déchets de l’agglomération. Un système de collecte en porte à porte a donc été mis en place à partir de 2002. Une fois collectés, les biodéchets sont acheminés par bennes vers l’usine de traitement biologique Adaoz à Caudan pour les transformer en compost. “La matière est chargée dans des tunnels. À l’intérieur, on pousse la température et l’humidité pour accélérer la fermentation organique. C’est un mode de compostage fermé”, décrit Odile Robert, directrice du pôle gestion et valorisation des déchets de l’agglomération.

Au total, 8.000 tonnes de biodéchets sont collectées chaque année dans l’agglomération (environ 38 kilos par habitant). Cela génère à l’arrivée 2.700 tonnes de compost. Celui-ci est alors vendu aux agriculteurs et commercialisé dans le Comptoir du réemploi à destination du grand public, ou distribué gratuitement lors des fêtes de quartier. 

Si la stratégie de valorisation a fait ses preuves, « 38 % des biodéchets qui devraient être triés terminent encore dans la poubelle noire », regrette l’agglomération. “Lors de la caractérisation, on s’aperçoit que plus de 70 % des déchets jetés dans la poubelle noire peuvent se trier”, poursuit Odile Robert. Ainsi, pour inciter les usagers à faire le tri, la collectivité a fait le choix d’une incitation technique, en baissant la fréquence des collectes de la poubelle noire. Et le résultat est encourageant. En effet, la part des déchets ménagers résiduels ramassés dans l’agglomération de Lorient est nettement inférieure à celle de la moyenne nationale : 150 kg/habitant pour la collectivité bretonne, contre 246 kg/habitant en France, d’après les chiffres de l’ADEME de 2021

Les avantages du tri des biodéchets 

Mais au fait, pourquoi est-il important de trier les biodéchets ? Plusieurs raisons expliquent cette nécessité, selon l’association Zéro Waste. “Que ce soit l’enfouissement ou l’incinération des déchets, les deux sont nocifs pour l’environnement. Lorsqu’ils sont enfouis, les biodéchets fermentent et leur décomposition ne s’effectue pas correctement. Ce qui libère du méthane, un gaz à effet de serre. Par ailleurs, les déchets enfouis sont à l’air libre. Ils prennent l’eau, surtout en Bretagne. Cela produit des lixiviats, un liquide résiduel qui peut contenir des substances dangereuses. Même s’il est filtré, il conserve d’infimes quantités, qui peuvent se retrouver dans les rivières et polluer les nappes phréatiques”, explique Clément Le Fur, président de l’antenne Cornouaille de l’association (Finistère).

Mais la combustion n’est pas une meilleure option, d’après lui. « L’incinération dégage du CO2 et libère des mâchefers et des Refioms (Résidus d’épuration des fumées d’incinération des ordures ménagères) des particules toxiques qui sont enterrées ». Par ailleurs, “les déchets organiques et végétaux sont essentiellement composés d’eau. Lorsqu’on les brûle, on brûle de l’eau ! C’est une dépense énergétique inutile”, poursuit le militant. Tout cela contribue à une augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et donc au changement climatique. À l’inverse, le compostage est bénéfique. “C’est une ressource dont on se privait jusque-là qui est pourtant précieuse pour les agriculteurs, pour la fertilisation des sols”.

Point d’apport volontaire, composteurs collectifs ou individuels, collecte en porte-à-porte, plusieurs options s’offrent aux collectivités pour ramasser les biodéchets des usagers.(©Lorient Agglomération)

« Le compost, c’est une ressource précieuse pour les agriculteurs, pour la fertilisation des sols ».

Clément Le Fur, président de Zéro Waste Cornouaille

 

Des difficultés de mise en oeuvre… et 4 options

Si sur le papier, les avantages du tri des biodéchets ne sont plus à démontrer, en pratique, les collectivités se heurtent à de nombreuses difficultés dans sa mise en place. Cette nouvelle réglementation pose de nombreuses questions au niveau de la place, de l’organisation, mais aussi des coûts… et des odeurs! Pour respecter la loi, plusieurs options se présentent aux collectivités. “Il y a la collecte séparée en porte-à-porte (comme le fait la ville de Lorient), mais également le point d’apport volontaire, comme pour le verre. Les collectivités peuvent aussi installer un composteur, partagé à l’échelle d’un quartier, ou individuel, dans son jardin par exemple”, rapporte Clément Le Fur. “L’idéal étant de multiplier les solutions”. Notons par ailleurs que certaines options sont plus adaptées à certains types de logement : le points d’apport volontaire en ville et les composteurs individuels à la campagne.

À quelques semaines de l’échéance, “ toutes les collectivités ne sont pas prêtes”, assure Clément Le Fur. “Il est difficile d’estimer à ce jour un éventuel retard, on évaluera ça au 1er janvier”, annonce le militant. Et même, “si les collectivités étaient au point au 1er janvier, pour que tout cela soit efficace, encore faut-il que les citoyens jouent le jeu”, poursuit-il, avant de conclure : “la meilleure façon de gérer les déchets, c’est de ne pas en produire”. À bon entendeur…

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