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Pour Jean Jouzel, la Bretagne doit miser davantage sur l'éolien en mer
Membre du GIEC et infatigable pédagogue du climat, Jean Jouzel figure parmi les premiers scientifiques français qui ont alerté politiques et grand public sur les conséquences du dérèglement climatique. Le journaliste Paul Goupil revient sur cet « itinéraire d’un pionnier » dans un passionnant livre d’entretiens.
Les causes du dérèglement climatique sont connues et ses effets, bien identifiés. La Bretagne n’est pas épargnée et doit se préoccuper de ses ressources en eau, de l’impact de son agriculture et de la fragilité de son trait de côte face à la montée du niveau de la mer. Mais des solutions existent pour ne pas perdre tout espoir, affirme Jean Jouzel dans son dernier ouvrage d’entretiens.
S’il est un homme sur lequel le fatalisme ne semble pas avoir de prise, c’est bien Jean Jouzel. « Oui, il faut agir. Chaque dixième de degré compte », martèle sans relâche le glaciologue et climatologue français mondialement connu pour ses travaux au sein du GIEC (Il fut l’un des auteurs principaux du 2e rapport, publié en 1995). Il était il y a quelques jours sur ses terres natales, à Janzé (Ille-et-Vilaine) pour présenter le livre d’entretiens qu’a réalisé avec lui le journaliste Paul Goupil : « Climat, itinéraire d’un pionnier », aux éditions Ouest-France. Un ouvrage précieux pour comprendre les mécanismes du dérèglement climatique et surtout, identifier les actions concrètes à mettre en oeuvre pour éviter le pire, sans tarder. Il revient, dans l’interview à écouter ci-dessous, sur la situation singulière de la Bretagne à l’heure du réchauffement. Une région qui présente selon Jean Jouzel quelques atouts, mais qui va devoir à son tour gérer la question de la ressource en eau, et s’inquiéter de la montée du niveau de la mer. Sans parler de la place de l’agriculture qui est responsable, dans certains territoires, de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre.
Côté solutions, le lauréat du prix Nobel des Sciences de la Terre et de l’Univers milite en faveur des énergies renouvelables, et notamment de l’éolien en mer. A cet égard, il déplore le retard pris par la France par rapport à ses voisins européens, mais ne perd pas espoir de voir les délais d’instruction des projets se réduire pour une meilleure efficacité.
« Le développement des énergies renouvelables est une chance pour la Bretagne. Il faut la saisir et aller de l’avant ».
Jean Jouzel
Sobriété et solidarité
« Le message clé du 6e rapport du GIEC, c’est que nous sommes certains que les activités humaines sont responsables du réchauffement climatique », explique Jean Jouzel. D’où son plaidoyer pour un changement de modèle, fondé davantage sur la sobriété et les solidarités. « Il faut absolument que cette nécessaire transition se fasse dans un esprit de justice sociale, j’y suis très attaché », écrit-il. Le climatologue breton rejoint en cela l’engagement de son ami Pierre Larrouturou, député européen qui signe la préface de son livre, et qui milite avec force en faveur de la taxation de la spéculation financière à hauteur de 0,1%. De quoi rapporter près de 60 milliards d’euros par an à l’échelle européenne. Mais en raison de l’hostilité de la France à cette initiative, le combat est loin d’être gagné et il sera de nouveau débattu dans quelques semaines au Parlement européen.
X.D.