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En escale à Brest, le voilier Scylla lutte contre la pollution marine
- La mission ScylLa repose sur deux axes : la dépollution marine et la sensibilisation aux écosystèmes
- Depuis le début de la mission, les membres d’équipage ont collecté plus de 2 tonnes de déchets sauvages
- Après son escale à Brest, le voilier rejoindra le port de La Rochelle
Depuis fin septembre et jusqu’au 15 octobre 2023, le Scylla, un voilier de l’association de dépollution marine Wings of the Océan fait escale à Brest. L’équipage ramasse les déchets sur les plages et mène des actions de sensibilisation à destination du grand public. L’objectif ? protéger la biodiversité côtière et l’écosystème marin.
Nettoyer les littoraux français et sensibiliser le public à la pollution marine. C’est la mission que mène le Scylla, un voilier de 28 mètres de l’association Wings of the Ocean, amarré à Brest, sur le quai Malbert, jusqu’au 15 octobre 2023. À bord, l’équipage est composé d’une douzaine de personnes. Partis en mars 2022, ces derniers ont fait étape dans plusieurs ports de la Manche et de la façade Atlantique, avant de rejoindre la Bretagne.
Ramasser les déchets sauvages
À terre, le programme est chargé, avec, en moyenne, trois actions de dépollution par semaine d’une demi-journée environ. Les déchets sont d’abord collectés sur les plages, ou aux abords du rivage, de façon à “libérer l’écosystème”, indique Julie Delorme, chargée de mission. Après avoir pesé, compté et estimé le volume, les membres du Scylla, salariés et bénévoles, procèdent ensuite à la “caractérisation” des déchets ramassés. Ils les classent par catégories (bois, plastique souple, rigide…). Ce qui n’est pas toujours simple. “Il y a des matières multicomposites comme les lingettes ou des emballages qui étaient recyclables à l’origine, mais qui ne le sont plus, car ils ont passé plusieurs années dans la nature. C’est là toute la complexité du déchet sauvage”, explique Julie Delorme.
Concrètement, « la caractérisation permet de sourcer la pollution et d’obtenir des données pour mieux lutter”, précise-t-elle. Ces données sont fournies à l’association Mer Terre. L’organisme communique ces chiffres au public et aux collectivités, pour trouver des solutions adaptées. Car selon les zones, le type de déchets n’est pas le même. “Lorsque l’on se situe près d’un parking, on retrouve souvent des tickets de stationnement. À l’inverse, à côté des cafés, on va découvrir des emballages de petits biscuits. Lors de notre escale à La Rochelle, nous avons trouvé énormément de cuillères en plastique données par les glaciers”, illustre Julie Delorme.
L’idée de la démarche n’est pas tellement de faire un tri sélectif, d’après la jeune femme de 41 ans, mais davantage de quantifier la pollution pour marquer les esprits. C’est ainsi que depuis son arrivée à Brest, l’équipe a ramassé en seulement deux dépollutions, 110 kilogrammes de déchets dont… 3635 mégots.
« La caractérisation permet de sourcer la pollution pour plus facilement lutter contre »
Julie Delorme, chargée de mission sur le Scylla
Sensibiliser le plus grand nombre
La sensibilisation est d’ailleurs le deuxième axe de la mission Scylla. “Nous recevons des centres de loisirs et des scolaires à bord. Le week-end, nous organisons des visites pour tous les publics”. Les salariés et bénévoles de l’association font découvrir le navire, évoquent leur quotidien : une vie en communauté, un régime végétarien zéro-déchet, mais surtout des convictions. “On montre que c’est possible d’être écolo, engagé et fun”, sourit Julie Delorme. Si les visiteurs ne viennent pas pour les mêmes raisons, « tous sont ravis lorsqu’ils sortent”, assure la navigatrice.
Plus de 2 tonnes de déchets récoltés
Depuis le début de la mission Scylla au printemps 2023, les membres d’équipage ont collecté plus de deux tonnes de déchets sauvages. Le voilier acheté en décembre 2021 avec le soutien financier de l’entreprise Léa Nature grâce au programme 1% for the planet, ne permet pas pour le moment de stocker les déchets et de les revaloriser, à l’exception des mégots de cigarettes. “On upcycle très peu par manque de place sur le bateau. Mais nous envoyons les mégots à l’entreprise Keenat, qui réalise à partir du filtre, des plaques de sensibilisation et de l’énergie combustible avec le reste”.
« On ne ramassera jamais aussi vite les déchets que la vitesse à laquelle ils sont déversés”, reconnait Julie Delorme. Certes, le chemin est encore long pour faire disparaitre le fléau de la pollution plastique des océans, mais l’action de l’équipage du Scylla est déjà un grand pas vers une prise de conscience citoyenne pour la préservation de la biodiversité.
Adèle CHARRIER