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CoolparksTool, un outil pour optimiser le rafraichissement des parcs
- Coolparkstool calcule le potentiel de rafraichissement des parcs
- Pour le concevoir, des relevés ont été réalisés par des chercheurs dans le parc de procé à nantes
- cet outil d’aide à la décision sera utilisé dans l’aménagement du parc des estuaires à nantes
À mesure que les villes se réchauffent, des solutions sont envisagées pour les rafraichir. Dans le cadre d’un projet de recherches, Benjamin Morille, chercheur en climatologie, travaille depuis quatre ans avec d’autres confrères sur CoolparksTool. L’outil, qu’ils viennent de mettre au point, vise à évaluer le potentiel de rafraichissement des parcs urbains. Présenté le 12 octobre prochain dans les locaux de Nantes Métropole, il aidera les collectivités dans leurs projets d’aménagement des quartiers et des espaces verts.
Comment rafraichir la ville de demain ? Dans les décennies à venir, avec le dérèglement climatique, les aires urbaines vont se réchauffer plus rapidement que les zones rurales à cause de l’activité humaine. De nombreux chercheurs et urbanistes réfléchissent donc à des solutions permettant de palier aux ilots de chaleur, en s’appuyant notamment sur la végétalisation.
Evaluer le potentiel de rafraichissement des parcs
Parmi eux, Benjamin Morille, 37 ans et deux autres chercheurs nantais en climatologie, développent depuis 2019 CoolparksTool : un outil qui permet d’évaluer et de quantifier le potentiel de rafraichissement des parcs urbains. Le projet de recherche CoolPark a été financé par l’ADEME (Agence de la transition écologique) et d’autres partenaires tels que Soleneos, le Cerema (organisme public qui accompagne les territoires dans l’adaptation au changement climatique).
“Nous avons travaillé sur trois volets : la création de la fraicheur en fonction de la disposition du parc, sa diffusion aux rues environnantes et l’impact thermique sur l’intérieur des bâtiments”, explique Benjamin Morille. Pour ce faire, les spécialistes ont procédé à des relevés au niveau du Parc de Procé, à Nantes, à différentes saisons. Ils ont analysé entre autres, la taille des arbres, leur densité, les essences, mais aussi leur implantation dans l’espace, les pelouses, les enrobés, les sols, le terrain.
Les chercheurs ont ainsi observé, que la diffusion de la fraicheur du parc n’était pas la même selon la nature des surfaces, minérales ou végétales, les formes urbaines telles que la taille des bâtiments et la largeur des rues. “La fraicheur va mieux se propager dans une rue avec des immeubles espacés d’espaces verts, que dans une rue canyon avec une succession de maisons mitoyennes, même si elles sont plus basses”, rapporte Benjamin Morille. “La disposition du terrain a un impact. Par exemple, on a constaté, en juillet 2022 lors de la canicule, un écart de 5°C la nuit, entre les rues adjacentes au nord en hauteur et le sud du parc ”, poursuit le spécialiste.
« La fraicheur se propage mieux dans une rue avec des immeubles espacés d’espaces verts, que dans une rue canyon avec une succession de maisons mitoyennes «
Benjamin Morille, chercheur en climatologie, fondateur de CoolparksTool
Aider les collectivités dans leur projet d’aménagement
Grâce à ces mesures, l’outil accessible et gratuit, permettra d’aider les collectivités dans leur décision d’aménagement. C’est donc dans les locaux de Nantes Métropole que l’équipe présentera, le 12 octobre 2023, l’outil CoolparksTool. “Nous expliquerons nos résultats avec des ateliers pour le tester”, poursuit Benjamin Morille.
Nantes Métropole avait soutenu l’initiative en mettant à disposition le parc de Procé pour que les chercheurs puissent réaliser leurs relevés. “Avec des vagues de chaleur comme celles que nous avons connues à l’été 2022, où le thermomètre est monté jusqu’à 42°C, nous devons imaginer des espaces de fraicheur pour les Nantais”, explique Alban Mallet, chargée de mission transition et climat à Nantes Métropole. Pour lui, cette collaboration est une réussite. “CoolParksTool va nous servir de grille de lecture pour l’aménagement du futur parc des Estuaires sur l’Ile de Nantes”. D’après lui, ce projet présente un autre intérêt. Celui d’entretenir “une relation avec le secteur de la recherche”. “Nous avons besoin de ces connaissances pour concevoir le Nantes de demain. Nous suivons les travaux scientifiques avec attention, ils alimentent nos politiques publiques”.
#LE REGARD D’EXPERT : Entretien avec l’urbaniste et conférencier Sylvain Grisot
Végétalisation des villes : va-t-on assez loin ?
Pour Sylvain Grisot, urbaniste et fondateur de l’agence de conseil et de recherche urbaine Dixit.net, il faut passer à une « gestion forestière » des villes :
– Une modification des pratiques de végétalisation mais surtout un changement d’échelle” à la hauteur de l’enjeu climatique. “Il faut que l’on aille plus vite, aujourd’hui on fait de la décoration”. Sa position est claire. « Après les expérimentations, il faut faire », insiste-t-il.
– « Il ne faut pas rajouter quelques arbres, il faut une couverture arborée avec une grande densité de végétaux, des jeunes et des vieux, une multitude d’essences locales et adaptées au climat de demain ». L’espace public tel qu’on le connait aujourd’hui, n’est plus en phase avec le défi auquel nous faisons face, d’après lui. « Il faut semer au lieu d’imaginer des places de parking, planter sur le moindre espace vacant ».
– « Il faudrait un chantier massif, des rues transformées”, à l’image de la métamorphose de Paris durant le second empire avec la construction des immeubles haussmanniens, compare-t-il. “Aujourd’hui il faut imaginer que l’on conçoit les rues de 2050, car la durée de vie d’une voirie est en moyenne de trente ans”, tient-il à rappeler. Une transformation totale de la ville s’impose donc, d’après lui.
Adèle CHARRIER