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À Brest, les citoyens financent leur nouvelle ligne de tramway
- les citoyens sont appelés à prêter de l’argent pour financer l’extension du tramway à brest
- Les investisseurs placent leur épargne sur la plateforme Villyz
- Le but ? impliquer les habitants autour d’un projet d’intérêt genéral porté par BREST MÉTROPOPLE
Placer son argent pour encourager les mobilités douces, ça vous tente ? À Brest, les citoyens sont appelés à investir pour la nouvelle ligne de tramway dans la métropole, dans le cadre du plan de développement Mon réseau grandit. Une façon d’impliquer les habitants dans ce projet d’intérêt général porté par Brest Métropole.
Un emprunt de 500 000 euros à 1 million d’euros
À l’heure où de nombreux épargnants se posent la question d’un investissement durable, Brest Métropole fait figure d’exemple. La collectivité vient de lancer une opération inédite de financement citoyen pour sa future ligne de tramway, sur la plateforme d’investissement à impact Villyz.
Pour l’heure, la cagnotte s’élève à 211 770 €, mais la collectivité espère emprunter entre 500.000 et 1 million d’euros, d’ici le 25 décembre 2023, date de clôture des investissements. Une somme dérisoire par rapport au coût total du projet, qui s’élève à plus de 220 millions d’euros HT. Pourtant les finances de Brest Métropole sont saines. La collectivité finistérienne n’est donc pas sur la paille ! Alors pourquoi demander aux habitants d’investir pour l’extension du réseau de transport ? “Ce n’est pas une question de financement. Nous souhaitons impliquer la population dans ce projet d’intérêt général”, répond Yann Guével, président de la commission finance de Brest Métropole.
“Les citoyens ne sont plus simplement consommateurs des transports en commun, ils en deviennent acteurs”
Arthur Moraglia, co-fondateur et président de Villyz
Investir dans les transitions à l’échelle locale
«Nous avons remarqué que les gens souhaitaient investir dans des projets sur le territoire, autour des transitions. Avec ce placement, ils savent où part leur argent et ils investissent dans leur quotidien», poursuit Yann Guével. D’après l’élu, cette opération financière est « un outil de mobilisation des habitants », comme il en existe d’autre (budget participatif par exemple).
Avec ce système, « les citoyens ne sont plus simplement consommateurs des transports en commun, ils en deviennent acteurs”, renchérit Arthur Moraglia, président et cofondateur de Villyz. Car engager son épargne, c’est un geste économique mais aussi démocratique. “Grâce à leur investissement, ils prennent part au projet territorial qui les concerne ”, poursuit-il. Et les données des profils d’investisseurs en témoignent, car “¾ d’entre-eux sont des Finistériens”.
Un investissement à partir d’1 €
Mais concrètement, comment ça marche ? « C’est un placement sur 5 ans, avec un taux de 4% brut annuel”, répond Arthur Moraglia. Chaque citoyen peut investir de 1 à 5 000 € dans le projet. Toutes les contributions sont les bienvenues, peu importe le niveau de ressources des épargnants. “Le plus jeune est né en 2002 et la plus âgée en 1945”, souligne Arthur Moraglia. À ce jour, ils sont environ une centaine à avoir engager leurs économies au service de la métropole.
Parmi eux, Michel Laot, 61 ans, a investi 5000 euros. « J’étais en recherche d’un placement et j’ai vu celui-ci en lisant un article dans la presse. Mon conseiller bancaire m’avait proposé autre chose, à l’autre bout de la France, mais je n’y voyais pas d’intérêt. Dans celui-ci, premièrement, le taux est plus avantageux que mon livret A. Deuxièmement, je sais ce à quoi mon argent va servir. En voyant l’avancée des travaux, je vais pouvoir me dire, « c’est moi qui ai payé ce poteau ou cet abribus”, sourit-il. D’après lui, ce placement a du sens. “Je travaille sur Brest, j’ai vu le tram sortir de la ville il y a quelques années. Certes, cela engendre des nuisances, mais on se rend compte que les transports en commun sont vraiment utiles pour limiter les déplacements en voiture. Et puis, lorsque l’on participe, on est toujours plus conciliant”.
Une fois récoltés, ces fonds permettront de réaliser une nouvelle ligne de bus mais surtout la seconde ligne de tramway de la ville. Sa mise en service est prévue pour février 2026 et elle reliera la gare de Brest au CHRU de la Cavale Blanche. C’est la première fois que ce dispositif d’investissement est utilisé à Brest, « mais si ça marche, nous pourrons le refaire pour d’autres projets », annonce l’élu. En attendant, les contributeurs ont jusqu’au 25 décembre pour constituer l’épargne citoyenne sur la plateforme sécurisée Villyz.
Adèle CHARRIER