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Cœur et Canopée crée une micro-forêt dans la cour de l’école
- L’entreprise créée par Xavier Dommange est spécialisée dans la conception et la réalisation de micro-forêts Miawaki
- La cour de l’école primaire Saint-Armel, à Rennes, a été désartificialisée et 600 arbres ont été plantés le 15 mars
- Des entreprises locales se sont mobilisées pour participer au financement, et à la plantation
C’est une initiative qui répond à l’enjeu essentiel du réchauffement climatique. Comment créer des ilots de fraicheur en milieu urbain ? Cœur et Canopée propose de créer des micro-forets très denses, selon le principe popularisé par le botaniste japonais Akira Miawaki.
Des rires d’enfants et une pelleteuse. Dans la cour de l’école Saint-Armel, ce vendredi 15 mars, il régne une atmosphère particulière, entre excitation et concentration. Dès le début de la matinée, en effet, les élèves, leurs enseignants et quelques parents ont troqué les cahiers pour la bêche et le plantoir. À la clé, la réalisation d’une micro-forêt dans la cour de l’école.
Avant de réaliser les plantations, il a d’abord fallu désartificialiser la cour. Un « décroutage » impressionnant. « Lors des dernières vacances scolaires, nous avons enlevé le bitume sur 300 mètres carrés, apporté 200 tonnes de terre végétale mélangée à des copeaux de bois et évacué 300 tonnes de gravats », énumère Fabien Poilly, conducteur de travaux de l’entreprise 2ETP, de la Gouesnière. Peut-être va-t-il créer des vocations chez les élèves, qui se bousculaient pour s’installer aux commandes de la pelleteuse ramenée dans la cour pour l’occasion !
20 mètres de haut dans 20 ans
La micro-forêt va occuper 250 mètres carrés et pas moins de 600 plants s’y côtoient, de 27 essences différentes. Chêne, hêtre, frêne, noisetier, pommier sauvage, houx… et bien d’autres, sont appelées à cohabiter selon une organisation précise. Censée gagner un mètre de hauteur chaque année, la canopée arrivera à maturité dans vingt ans et devrait donc culminer à 20 mètres. Une véritable micro-forêt miniature !
Cette expression peut surprendre. Elle a été popularisée par le botaniste japonais Akira Miawaki, qui a conçu un principe de plantations très dense en milieu urbain, comme une réponse au réchauffement climatique. À Rennes, Xavier Dommange s’est approprié cette technique en créant la société Cœur et Canopée, il y a bientôt 3 ans. Il propose aux collectivités, entreprises, associations, bailleurs sociaux… de transformer des terrains en friche en micro-forêts, et compte déjà plusieurs réalisations à son actif, de Strasbourg à Besançon en passant par Toulouse et même Bristol, au Royaume-Uni. « C’est la première fois que nous intervenons dans une école primaire. C’est un véritable projet coup de cœur », confie le dirigeant, dont la démarche écoresponsable a séduit le Village by CA d’Ille-et-Vilaine, qui l’accompagne depuis un an.
Forte mobilisation
Sa rencontre, en 2022, avec Nathalie Jacquet , la directrice de l’école Saint-Armel, a été déterminante pour mener à bien cette initiative en milieu scolaire. « J’ai été d’emblée séduite par le projet, mais je n’avais pas le financement pour le réaliser! », raconte Nathalie, à la tête de cette école privée qui accueille 325 élèves de maternelle et de primaire dans le quartier prioritaire du Blosne, à deux pas de la station de métro Triangle. Il faut en effet compter entre 35.000 et 40.000 euros pour créer une micro-forêt, en comptant les travaux de terrassement, l’achat des plants, etc.
À force de patience et de ténacité, les recherches de financement ont permis de concrétiser le projet, grâce à la mobilisation de plusieurs acteurs privés. À commencer par le voisin immédiat de l’école, l’entreprise ST Microelectronics. Mais aussi la marque de cosmétiques Yves Rocher, ainsi que Luc Laurent, fondateur des pizzerias Coppa et du réseau de restaurants de burgers Roadside, membre du réseau Entrepreneurs pour la planète. Tous ont contribué, à des niveaux divers, au financement de l’opération, au nom de leurs engagements sociétaux.
« Nous sommes une entreprise à mission, et dans ce cadre, il a été décidé que 100% des salariés du groupe devaient mettre les mains dans la terre ! »
Valérie Santerre, responsable RSE de la marque Yves Rocher, partenaire du projet.
Projet pédagogique global
Parmi les jardiniers d’un jour, trente salariés d’Yves Rocher se sont relayés toute la journée pour aider les enfants à planter la forêt, sous la supervision vigilante et souriante de Xavier Dommange et de son collaborateur Émilien Leroy.
« Nous sommes une entreprise à mission, et dans ce cadre, il a été décidé que 100% des salariés du groupe devaient mettre les mains dans la terre ! », justifie Valérie Santerre, responsable RSE de la marque de cosmétiques.
En fin de journée, Nathalie Jacquet avait le sourire. « C’est le début d’une belle aventure », souligne la directrice, qui inscrit cette plantation dans un projet pédagogique global, avec à terme, un réaménagement complet de la cour et la création de nouveaux espaces de récréation pour les enfants.
De son coté, Xavier Dommange compte bien que cette première réalisation fasse des émules dans d’autres établissements scolaires, à la recherche d’un projet pédagogique écologique et participatif.
Et pour apporter une dimension intergénérationnelle au projet, une dizaine de résidents de l’Ehpad rennais « La maison des Ateliers », étaient venus en voisins du quartier Sud Gare pour retrouver les enfants de l’école avec lesquels ils ont monté une chorale. Leur prochain spectacle aura lieu le 29 mai au Conservatoire du Blosne à 16h30. Une autre manière de faire pousser des liens.
Xavier DEBONTRIDE