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La Bergerie, un éco tiers-lieu pour tisser du lien

C’est l’histoire d’un ancien Ehpad transformé en éco tiers-lieu, à La Gacilly, fief du groupe Yves Rocher. En moins d’un an, le projet est devenu réalité, avec ses 27 chambres pour jeunes travailleurs, 8 appart-hôtels, un espace pour séminaires d’entreprises et un atelier culinaire.

Jacques Rocher a le sens de la formule. Le directeur prospective du Groupe Rocher définit la Bergerie comme un ORNI. Entendez par là un objet rural non identifié ! Dominant le village de la Gacilly (Morbihan), cet ancien Ehpad a été transformé en un temps record en un éco tiers-lieu, sous le nom de la Bergerie. Et des moutons, il y en a dans le parc voisin ! Mais plus que la laine, ici, on tisse du lien. « C’était un lieu de fin de vie, qui a été transformé en lieu de vies, au pluriel ! », sourit Jacques Rocher. Et lors de l’inauguration, le 5 octobre, il ne cachait pas son émotion en écoutant le récit sobre et poignant de Béatrice, logée depuis quelques semaines dans l’une des chambres réservée aux jeunes travailleurs après avoir connu la rue et les nuits dans sa voiture. « Je ne pensais pas qu’un tel lieu puisse exister. J’ai trouvé un travail à proximité, et désormais, je suis logée. La Bergerie a changé ma vie », explique la jeune femme.

Modèle économique hybrique

Elle occupe l’une des 27 chambres meublées proposées à la location pour de jeunes actifs qui peinent souvent à trouver un logement dans ce territoire rural à forte intensité industrielle. Agencées de manière sobre et fonctionnelle, ces chambres sont louées à partir de 70 euros la semaine, pour une semaine ou plusieurs mois. Mais pour permettre d’atteindre l’équilibre financier du projet, La Bergerie offre également huit suites haut de gamme, dans un esprit appart-hôtel qui reprend les codes de l’hôtellerie contemporaine. De quoi séduire une clientèle professionnelle ou de loisirs à la recherche de calme et de nature. Les entreprises, quant à elles, peuvent y organiser des séminaires, tandis que des ateliers culinaires sont régulièrement proposés par des chefs dans une vaste cuisine entièrement équipée. Ce modèle économique hybride fonctionne depuis juillet, avec succès, et une vingtaine de séminaires d’entreprises s’y sont déjà déroulés.

Projet éco-conçu

Engagés en octobre 2021, les travaux de réhabilitation de l’ancienne maison de retraite (qui a déménagé en 2019), ont fait la part belle aux éco-matériaux et au réemploi, dans une logique d’économie circulaire. « Tous les meubles ont été chinés, mais ne viennent pas de Chine ! », résume en riant Jacques Rocher. Avec, à la clé, de substantielles économies d’énergies et une réduction de 85% du bilan carbone du bâtiment. Le projet (d’un montant de l’ordre de 2 millions d’euros) a été financé par Rocher Participations, le holding d’investissement de la famille Rocher, avec le soutien financier de la Région Bretagne et une subvention de 250.000 euros d’Action Logement. « Il s’agit clairement d’un modèle précurseur, qui coche toutes les cases de notre stratégie RSE, sur le lien emploi-logement-territoire », souligne Catherine Tanvet, vice-présidente du Comité régional Action Logement en Bretagne.

Grâce à son côté hybride qui permet de mutualiser les services et multiplier les clientèles, La Bergerie, mouton à cinq pattes, pourrait bien faire transhumance vers d’autres territoires ruraux en mal de dynamique économique et territoriale.

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