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La Fondation Rennes 1 soutient les étudiants réfugiés et invite Etienne Klein

Financement participatif, diner caritatif avec Etienne Klein : la Fondation Rennes 1 multiplie les initiatives dans le cadre de son programme d’aide aux étudiants et chercheurs réfugiés. La soirée avec Etienne Klein, dont l’intégralité des recettes a été versée au programme, a marqué les convives par la qualité des échanges.

La Fondation Rennes 1 lance ce lundi 14 novembre une campagne de financement participatif pour l’accueil des étudiants et chercheurs réfugiés présents à l’Université de Rennes 1. Accessible via la plateforme Kengo, ce programme s’inscrit dans les actions de solidarités menées tout au long de l’année par la Fondation. Les fonds ainsi collectés serviront à financer des initiatives concrètes, pour faciliter la vie quotidienne étudiante (logement, santé, alimentation, transports) mais aussi l’accompagnement de projets d’études et de recherche. « Notre Fondation fait preuve d’une réactivité précieuse pour répondre rapidement aux situations d’urgence. Mais nous inscrivons également notre action dans la durée, en tissant de nombreux partenariats avec des acteurs publics et privés du territoire », souligne Sophie Langouet-Prigent, vice-présidente de la Fondation Rennes 1.

L’énergie, si mal définie

C’est dans le cadre de ce programme qu’a été proposé le 8 novembre un diner caritatif autour du physicien et philosophe des sciences Etienne Klein. La soirée, qui affichait complet, a réuni une cinquantaine de donateurs dans le cadre du restaurant Paris-Brest, partenaire de l’opération. L’occasion, pour le conférencier, également producteur de l’émission « Science en questions » sur France Culture, d’engager un dialogue très fécond avec un auditoire curieux et attentif. Et des questions, il y en eu beaucoup, autour de l’énergie, de l’innovation et du changement climatique. Car l’énergie est un mot souvent mal compris car mal défini, rappelle Etienne Klein. « L’énergie doit d’abord et surtout être abstraitement considérée comme une grandeur qui se conserve. Mais sous prétexte que l’énergie est abstraite, on la considère dans tous les modèles économiques comme étant gratuite », explique-t-il. On ne « produit » donc pas d’énergie à proprement parler, pas plus qu’on ne l’a « consomme » au sens strict : on la transforme, en créant de l’entropie, c’est-à-dire cette capacité d’un système physique à subir des transformations spontanées au cours de son évolution. On l’aura compris, dialoguer avec Etienne Klein requiert de réviser ses cours de physique-chimie !

Radicalisation des positions

Faut-il d’ailleurs tout attendre de la science pour résoudre les urgences actuelles ?  « En 90 ans, aucune nouvelle interaction fondamentale n’a été découverte, depuis la gravitation, l’électromagnétique, et les deux interactions nucléaires (faible et fortes). Il faut donc traiter la question du climat comme si on n’allait pas découvrir de nouvelles interactions », rappelle Etienne Klein, qui s’inquiète par ailleurs de la radicalisation des positions autour des questions scientifiques, en raison du « halo symbolique » qui recouvre bien des débats.

Le problème, ce n’est pas  que les gens sont ignorants, c’est qu’ils croient savoir !

Etienne Klein

« Les technologies sont désormais jugées à partir du récit dans lequel on les inscrit. C’est le cas du nucléaire, de la 5 G, des nanotechnologies… Chacun a un avis tranché sur ces questions qui relèvent avant tout de faits scientifiques. Je souhaiterai qu’elles deviennent des sujets de culture générale, que l’on en discute le soir en famille, mais cela prend du temps de s’informer et d’apprendre. En fait, le problème, ce n’est pas  que les gens sont ignorants, c’est qu’ils croient savoir ! La suspicion de l’expert va permettre aux cancres de prendre leur revanche », résume avec humour le chercheur philosophe. Il pointe dans cette évolution la responsabilité des élites, insuffisamment formées aux questions scientifiques. Mais les scientifiques eux-mêmes ne sont pas exempts de critiques : « ils pêchent par excès de discrétion collective, ils ne savent pas suffisamment dire « nous » dans le débat public ».

À la question de savoir comment trouver des solutions pour surmonter la crise climatique et énergétique, Etienne Klein répond par une autre interrogation : « De combien d’ « esclaves énergétiques » avons-nous besoin pour vivre dignement et sobrement ? » La réponse est à la fois individuelle et collective, culturelle et sociétale.

Xavier Debontride

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