Infos mobilités

Publié le 

"L'énergie collective est la seule forme d'avenir de l'espèce."

Roland Jourdain affronte les vents et voit oh combien son chemin sur la route du Rhum à bord de son bateau éco-responsable « We Explore » a du sens là où sur Terre on dépasse les 8 milliards d’habitants et la Cop 27 tergiverse….

LA ROUTE DE NUIT AVEC ROLAND JOURDAIN SUR WE EXPLORE

« Conversations dans le bocal avec Bilou » ce sont des échanges entre Roland Jourdain en route vers la Guadeloupe pour la Route du Rhum et Cécile Peltier, journaliste. Nous vous proposons de vivre cette course en lisant ces échanges de Terre à Mer…

 

19 novembre 2022 –  Quimperlé – Finistère –  Sur mon canapé au plus près de mon feu de cheminée – 21h48

Saluuuuuut Bilou !

Trop contente de découvrir ton message ce matin dès potron-minet ! J’ai commence ma journée avec le sourire en t’imaginant surfer sur tes alizés, visage offert au vent, fouetté par les embruns, un sourcil levé au dessus dun oeil rivé sur ton cap et l’autre un peu fermé. Ouais ! Parce-que c’est comme ça qu’on aime imaginer le skipper aguerri, bien dans son ciré et droit dans ses bottes. Enfin… cette fois tu n’es pas loin d’enfiler ta tenue de plage…Alors dis-moi, dans ta course folle, saurais-tu évaluer avec toute ta technologie embarquée et la stabilité de tes données satellite… enfin sinon à vue de nez et au doigt mouillé, le temps qu’il te reste à faire sur la Route ?

Sais-tu d’ailleurs que lorsque tu arriveras à bon port guadeloupéen, tu rejoindras les 8 millards de Terriens que nous sommes désormais officiellement sur cette bonne vieille planète en début d’asphyxie ? Toi qui as touché encore une fois à la sobriété du huis-clos solitaire, au confinement volontaire, es-tu prêt à porter ton message plus que jamais à tout ce petit monde ? Car sans vouloir faire ma Fabrice Luchini de service en dégainant une nouvelle citation, sache que Pierre Desproges disait « Jai l impression que quand les individus se multiplient, les intelligences se divisent ». Bon ok. Son cynisme était légendaire et faisait tout son charme. Mais alors toi ? Tu y crois à cette fameuse intelligence collective capable d’agir et de faire bouger les lignes ? Toi, là, sur ton champ de lin, tu serais pas en train de tracer un nouveau sillon…  Et si ta façon aujourd’hui de faire la Route pouvait devenir l’épure d’un nouveau chemin à dessiner ensemble… une fois la Terre regagnée…. Ça laisse rêveur et c’est porteur autant que le vent que je te souhaite cette nuit.

À très vite. Prenez soin de vous toi et ton beau batôoooo

Bises

Cécile

19 novembre 2022 – WE EXPLORE – 03h29 (Heure de Brest) – 2e au classement virtuel Rhum Multi –Goooodddd Moooorning Quimperléééééé !

Alors commençons par la carte postale avec la vraie image du gars sur l’eau. Tout pareil que celui qui est en solo quelques jours à l’appart‘ puisque sa femme est partie voir sa cousine Hortense à Dijon pour les vacances. Pourquoi donc se changer, se laver et perdre un temps fou à toutes ces futilités, qui en plus consomment les ressources en eau de la planète ? On est donc sur la tenue vestimentaire « durable, c’est-à-dire la même depuis le début : costume / bleu de travail / pyjama – en modèle unique de la maison Cotten depuis 1964 (l’année de ma naissance en plus) sur une fine couche de mérinos haut et bas qui, non seulement te régule à merveille, mais en plus fait par miracle disparaître les odeurs, surtout les tiennes quand tu es tout seul. Ah ! Merveilleux animal que ce mérinos que, peut-être, j’en adopterai un. Et pour finir sur le sujet, la tenue de plage devrait arriver demain. Nous ne sommes pas encore sous les chaleurs alizéennes, mais dans cette transition entre notre automne et leur toujours été.

Techniquement, il s’agit de trouver un chemin pour passer sous l’anticyclone des Açores. Et c’est parfois un peu compliqué… comme toutes les théories quand on les pratique. Vent instable en force et en direction. Donc changement de voiles et réglages. Donc transpiration et retour au mérinos.

Mais cela ne m’a pas empêché de trouver des occasions pour dormir comme un bébé, pour ne pas dire comater, ces temps derniers. Un scandale tellement c’était bon. Les augures ont parlé et semblent nous faire arriver WE EXPLORE et moi, dans la nuit du 23 matinée du 24. Si longtemps après les Ultims et pourtant déjà ! C’est bien court pour amortir tout le temps passé à imaginer, créer et préparer en amont ! Quinze jours pour apprécier l’instant c’est si peu ! Et comme tu le rappelles, j’arrive à Pointe-à-Pitre pour fêter le dépassement des 8 milliards d’êtres humains sur notre vaisseau merrien. Bel équipage. Ou pas terrible suivant comment on se place. J’ai adoré ta « desprogite »que je ne connaissais pas ! Certains nous manquent plus que d’autres…

Des équipiers, on n’en manque donc pas. Ce dont on a besoin, ce sont des capitaines et la fiche de recrutement est mal fichue à Pôle emploi ! :  « Bonjour. Je voudrais recruter un cadre spécialisé en intelligence collective avec 10 ans d’expérience. Et donnez moi les contacts des meilleurs consultants en management à impact positif s’il-.vous-plaît ». Des powerpoints, des courbes et des stats. On en a plus qu’il n’en faut. Mais, HÉHO ! Y a quelqu’un ? C’est pas ça la vraie vie !

L’excellente et non moins déprimante revue de presse que notre Tiphaine me fait le plaisir de déposer sur ma boîte mail du bord, est jour à jour si éloquente.

Extraits :

« Selon le récent rapport que la Fondation Jean Jaurès vient de publier : « Dans la tête des éco-anxieux », 74% des Français de moins de 25 ans jugent lavenir effrayant en raison des inquiétudes grandissantes face au dérèglement climatique. Les mêmes bien-pensants auront vite fait de dire que les jeunes Africains migrants doivent avoir bien dautres préoccupations en tête que la sauvegarde du climat. Et bien non, plusieurs études sont unanimes pour attester que les facteurs climatiques combinés à la géopolitique sont prépondérants dans les décisions des malheureux impliqués dans les vagues migratoires qui samplifient depuis une dizaine dannée en Méditerranée. Et le pire est à venir, selon le Giec, cest au minimum 243 millions réfugiés climatiques qui vont déferler d’ici à 2050 sur les côtes de l’hémisphère nord. »

Bon, y en a plein d’autres, mais je ne vais pas copier-coller tout ça ! Enfin ça me rappelle un gars célèbre qui avait dit « La maison brûle et on regarde ailleurs ». Ça me rappelle aussi des accords à Paris, ainsi qu’une bande d’hurluberlus du Giec qui caquettent depuis 50 ans…

Alors le collectif c’est pas facile à imaginer au vu de tout ça ! Dans la même revue de presse, on a aussi de nouvelles perspectives. De 8 milliards aujourd’hui on passerait à 4 en fin de siècle pour cause de… spermatozoïdes en grève chez l’homosapiens évolué du 3e millénaire à cause de tous ces jolis cocktails chimiques qu’on a inventé ! C’est l’arroseur arrosé…Alors que faire ? Chacun sa part, comme l’a si bien dit et fait le colibri Rabhi. Ma part solitaire je l’ai faite parce que j’en ai viscéralement besoin. Et c’est elle qui me démontre l’absolu besoin des autres quoique l’on entreprend.

La mer m’a appris à appréhender l’inconnu avec optimisme. Ça ne se passe jamais comme prévu et finalement on trouve une solution.

Le chemin m’a mené jusqu’à Explore. Parce que l’énergie collective, même si le chemin est pavé d’embûches, est la seule forme d’avenir de l’espèce. Mais l’important là dedans, c’est justement le chemin.

Sur ce, je dois te laisser car, bonne nouvelle, le vent est deux fois plus fort que prévu. Et là aussi le chemin est plein de nids de poule. Il ne faudrait pas que mon spi millésime 2008 me lâche dans une vague… déjà que la cuvée 2006 m’a quitté hier au bout d’une heure de service ! La performance environnementale a ses petites contraintes !

Bizzz

« La mer m’a appris à appréhender l’inconnu avec optimisme. Ça ne se passe jamais comme prévu et finalement on trouve une solution. »

15 novembre 2022 –  Quimperlé – Finistère – 21h00

 

Salut Bilou,

Nouveau message de la Terrienne au Merrien ! Il parait que tu as réussi à réparer l’antenne et que tu captes à nouveau  ? Ouf j’étais à deux doigts de t’envoyer un pigeon de mon jardin pour te porter mes petites bafouilles. Mais je les soupçonne d’être plus rapides à pieds qu’à tire-daile, vue la silhouette que leur dessine leur vie sédentaire. Trop de confort tue l’envol ! Mais alors que les mâts tombent , que les coques chavirent et même qu’un bateau prend feu … nous, pauvres Terriens, on balisait sévère pour le bonhomme et son champ de lin… Car cette course prend des allures dantesques pour certains. Les rangs se sont quelque peu décimés, ramenant une nouvelle fois le marin « augmenté » grâce à sa monture high-tech, à une forme dhumilité face aux tables de la loi de la Nature et… son jeu de cartes météo qu’elle abat selon ses humeurs. Et toi tu réapparais tout content le temps d’un selfie furtif à la sortie d’une sieste et tu nous dis que ton horizon ressemble bien à celui du paradis.

OK alors où en es-tu côté chakra ? Tu cherches et trouves le bonze qui est en toi ? Est-ce que cette édition d’une Route du Rhum que tu as déjà tracée 3 fois est un bonus ou finalement as-tu remis les compteurs à zéro ?

Bref, faut que tu partages un peu ce qui s’agite dans ton bocal avant que ça déborde ! Hâte de te lire !

Bonne mer, bon vent, bisous

Cécile

17 novembre 2022 – WE EXPLORE – 01h47 – 2e au classement virtuel Rhum Multi

 

Coucou Céciiiiile !

Je suis vraiment qu’un mec, mono-tâche, comme les autres et je n’arrive pas à faire du bateau et écrire à la fois. Quand j’serai grand, j’serai une femme ! Ça c’est sûr. Promis ça va venir…Plus qu’un petit front à passer cette nuit et la dorsale vient nous caresser l’échine pour délivrer le visa du vent portant, qui nous permettra au plus vite de proser bien peinard…

Mais cette nuit que j’espérais plus cool, me trouve, non pas dans mon pyjama à rayures… mais dans mon fameux Cotten haut et bas, un petit ensemble noir – ceci dit très seyant – mais un peu puant quand même ! Faut dire qu’il a pas mal servi ces temps-ci.

Ça brasse, ça tape et ça change de voiles. Bref, c’est ma vie d’avant quoi ! Que je l’aimeuhhh… !

Et surtout, bien-sûr, loin de moi le besoin de prouver que le bébé en lin va bien, pour imaginer un podium. Mais j’ai surtout un horaire à  respecter. Mon fils et ma femme qui m’attendent là-bas et Nico qui va débarquer pour faire le retour avec moi. Alors pas de temps à perdre !Vivement après !

Et surtout continue de me régaler par tes mails que j’ai lu en mode groupé, car bonne nouvelle, garde tes pigeons obèses, ça salit tout sur le bateau (et c’est du vécu !). Les satellites sont à priori revenus ! C’est comme les hirondelles, mais pas aux mêmes dates.

Mille bisous

Bilou

Recherche