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Later mise sur les vêtements 100% recyclés et recyclables

Benjamin Hooge et Benoit Tardif, cofondateurs de la marque de vêtements recyclés Later.
Benjamin Hooge et Benoit Tardif, cofondateurs de la marque de vêtements recyclés Later.

Créée en 2019, la jeune entreprise bretonne Later travaille sur la recyclabilité totale de ses vêtements, eux-mêmes réalisés à partir de fibres 100% recyclées. Des études scientifiques appuient sa démarche. De quoi donner du fil à retordre aux détracteurs de l’économie circulaire dans le textile !

À première vue, les surchemises de la jeune marque bretonne Later ressemblent à leurs concurrentes : un tissu assez lourd, des teintes vives ou plus sombres, une coupe solide et résistante. La différence est plutôt à chercher du côté de leur -grande étiquette intérieure et de la composition du vêtement, 100% en tissu recyclé et recyclable. « Savez-vous qu’il y a en France plus de 100.000 tonnes de vêtements jetés par an ? interroge Benjamin Hooge, cofondateur de Later aux côtés de Benoît Tardif, styliste. Nous avons voulu faire de ce gisement notre matière première, dans une logique d’économie circulaire ».

Recyclage des fibres

Pour y parvenir, les deux associés, amis de longue date, tous deux âgés de 43 ans aujourd’hui, ont passé plus d’un an à chercher fournisseurs et transformateurs. « Nous avons rencontré le directeur des Filatures du Parc à Brassac, dans le Tarn, qui disposait de la technologie nécessaire au recyclage des fibres », raconte Benjamin, qui a un long parcours dans la finance et l’innovation derrière lui. L’entreprise, « leader européen des filatures cardées », avait notamment mis au point un procédé pour défibrer le tissu de ceintures de sécurité automobile pour réaliser les tissus de la Zoé, le véhicule électrique de Renault. Grâce à cette technique, Later a pu produire des draps de laine et de la flanelle de coton 100% recyclée, issus de vieux vêtements.

« La filature achète à des collecteurs-trieurs, comme le Relais par exemple, des vêtements trop usagés pour être portés. Ils sont triés par couleur et par composition. Le procédé permet de ne pas altérer la longueur de la fibre d’origine et de la recycler dans de nouvelles productions », détaille Benjamin. A l’arrivée, on obtient des bourres de textiles de couleurs et de textures homogènes.

« Nous mélangeons les différentes couleurs de bourre recyclée pour obtenir la couleur souhaitée. Il n’y a aucun ajout de teinture ou de colorant. Les couleurs de nos vêtements proviennent directement des couleurs des vieux textiles. Cela nous tient vraiment à cœur ! » précise Benjamin.

Later a produit près de 1.500 pièces en 2022, principalement des chemises, surchemises, pulls et polaires, vendues essentiellement en ligne, à des tarifs compris entre 150 et 260 euros, pour un chiffre d’affaire de 200.000 euros environ. Dans un souci de transparence, la marque détaille la composition de son prix sur son site internet et vise l’équilibre financier à la fin de cette année.

« Toutes les tissus sont recyclés, filés et tissés en France, et confectionnés au Portugal », précise Benjamin, qui s’est rapproché d’un atelier de confection textile du centre-Bretagne pour envisager une production locale.

« Nous voulons offrir jusqu’à trois vies à nos articles, en assurant qu’il est possible de les recycler encore deux fois ».

Benjamin Hooge, cofondateur de Later

Trois vies par article

À présent, Later veut aller encore plus loin sur le chemin de l’économie circulaire, à rebours de la fast fashion mondiale et de son impact environnemental et humain désastreux. Depuis deux ans, l’équipe travaille avec un enseignant-chercheur de l’Université de Lille pour mener un programme de recherche sur la recyclabilité en cycle fermé. Autrement dit, sur la possibilité de recycler plusieurs fois un textile déjà fabriqué à partir de fibres recyclées. Les travaux, soutenus par l’Ademe et la Région Bretagne, semblent prometteurs. « L’économie circulaire, c’est la capacité de refabriquer un produit à partir d’un déchet de celui-ci. Et nous, nous voulons offrir jusqu’à trois vies à nos articles, en assurant qu’il est possible de les recycler encore deux fois », rappelle Benjamin.

Afin de démontrer la pertinence de cette affirmation, Later s’apprête à réaliser un test grandeur nature auprès de plusieurs centaines de consommateurs, qui seront invités à restituer leur chemise après trois ou quatre mois d’usage intensif, pour qu’elle soit recyclée. Ils pourront alors tester le nouveau produit ainsi fabriqué et faire remonter leurs remarques de consommateurs. A noter enfin que tous les vêtements de la marque sont consignés : Later s’engage à les racheter à 15% de leur valeur, même des années après leur achat, pour leur donner une seconde vie. Du vrai circuit court, en quelque sorte !

Xavier DEBONTRIDE

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