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Climat : Rennes Métropole veut jouer collectif
Ateliers, conférences, tables rondes: près de 500 personnes ont participé à la deuxième édition de la Conférence locale du climat proposée par Rennes Métropole.
Pour sa deuxième édition, la Conférence locale du climat organisée par Rennes Métropole a réuni près de 500 participants venus mieux comprendre les enjeux du dérèglement climatique et leur impact sur le territoire. Avec, en conclusion, la volonté de renforcer les actions collectives pour trouver des solutions.
Tic-tac, tic-tac. Il flottait par instant comme un parfum de compte à rebours avant l’apocalypse sur les travaux de la Convention locale du climat, organisée ce 4 avril à Rennes pour la deuxième année consécutive par Rennes Métropole. L’enjeu est rappelé à longueur de rapports du GIEC : la décarbonation de nos activités humaines doit être massive et rapidement coordonnée pour éviter l’emballement infernal, alors que l’objectif des Accords de Paris de limiter la hausse des températures à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle parait désormais inatteignable, ce seuil risquant d’être atteint dès 2035. Il est vrai qu’en un an, les habitants de la capitale bretonne ont pu vivre très concrètement des épisodes de sécheresse et de chaleur intense (près de 40° en juin 2022), mais aussi des précipitations hors normes qui pourraient préfigurer le profil climatique des prochaines décennies. Difficile dans ces conditions de faire comme si le sujet ne les concernait pas.
Réinventer les modèles
En ouverture de cette journée, la maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole Nathalie Appéré s’est toutefois montrée optimiste, affirmant que « tout n’est pas trop tard. Nous pouvons encore agir pour réinventer nos modèles et révolutionner nos pratiques ». Et d’énumérer les initiatives déjà prises et à renforcer à l’échelle locale, pour « investir massivement dans la transition », tout en demandant plus d’efforts à ceux qui polluent le plus. Préférant « la radicalité des mesures à celle des postures », l’élue souhaite donc que l’ensemble des acteurs locaux – collectivités, entreprises, citoyens – se mobilisent pour inventer collectivement de nouvelles manières de vivre ensemble.
Quatre scénarios de l’Ademe
Des solutions, il en aura donc été question au cours de cette CLC constructive et volontairement pédagogique. Les quatre scénarios « Transitions 2050 » présentés par le directeur régional de l’Ademe, Jean-Noël Guerre, auront notamment permis de tester l’appétit des participants pour la frugalité ou les coopérations territoriales, largement préférés aux deux autres modèles fondés sur les « technologies vertes » ou le « pari réparateur », ce dernier scénario consistant à ne rien changer de nos modes de vie actuels en pariant sur l’efficacité de solutions de captage du CO2 dans l’air, qui relèvent actuellement de la science- fiction.
Objectifs de décarbonation
Un des ateliers thématiques de cette CLC portait un titre volontairement provocateur : « Climat: les entreprises en font-elles assez ? ». Si la réponse à la question est évidemment non (comme pour chacun d’entre nous), le témoignage de Frédéric Martin, président de M-Extend, un groupe industriel international qui emploie près de 800 salariés dans son usine de chargeurs agricoles à Acigné, près de Rennes, a permis de prendre en compte la difficulté des mutations à venir. « Nous nous sommes fixés des objectifs ambitieux de décarbonation dans l’ensemble de nos activités, de production et de transport à l’horizon 2030. Cela implique de repenser nos process de fabrication, notre stratégie de fret », explique-t-il en jouant cartes sur table : l’entreprise publie chaque année son rapport développement durable, chiffres à la clé. Mais l’entrepreneur, qui fait partie de la démarche « ACT Pas à Pas » proposée par l’Ademe, déplore que les acteurs du territoire ne soient pas plus nombreux à partager leurs bonnes pratiques.
« Tous les participants à la CEC reçoivent une véritable « claque climatique » en prenant conscience des enjeux ».
Sophie Leclercq, coorganisatrice de la CEC ouest
Processus de transformation
Certaines s’engagent toutefois dans des processus de transformation collective, à l’image des 120 participants de la Convention des Entreprises pour le Climat Ouest, qui se sont inscrits durant neuf mois à un programme à la fois exigeant et impactant pour se transformer en entreprise régénérative. « Tous les participants reçoivent une véritable « claque climatique » en prenant conscience des enjeux. Et ensuite, ils se mettent à travailler ensemble pour changer concrètement les choses à leur échelle, en produisant une feuille de route à visée régénérative, c’est-à-dire ayant une contribution positive à la décarbonation, au-delà de la simple neutralité », explique Sophie Leclercq, codirigeante de Treebal et l’une des initiatrices de la CEC Ouest.
Nouveau rendez-vous le 16 juin
Engagée dans la révision de son Plan Climat Air Energie territorial (PCAET) pour les six prochaines années, Rennes Métropole doit à présent se doter d’une trajectoire lui permettant de se projeter au-delà de 2030. Olivier Dehaese, son vice-président climat énergie, sait que la collectivité seule ne pourra tout faire. Il propose d’ailleurs à tous les acteurs intéressés par la co-construction de ce projet ambitieux de se retrouver, sans attendre l’année prochaine, dès le 16 juin, pour une nouvelle session de travail où le concret aura toute sa place.
Xavier DEBONTRIDE