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Recyclage du plastique : comment (enfin) sortir la tête de l’eau
Crédit photo : Les mains dans le sable
Toute cette semaine, de nombreuses actions ont été lancées dans le cadre de la cinquantième journée mondiale de l’environnement, placée cette année sous le signe du combat contre la pollution plastique. Coup de projecteur non-exhaustif sur des initiatives concrètes de collecte et de valorisation des déchets plastiques en Bretagne.
8 millions de tonnes, c’est le volume de plastique déversé dans l’océan chaque année, selon les chiffres de l’ONU. Face à ce fléau, les actions de mobilisation se multiplient notamment sur les rivages bretons avec, à la clé, des innovations pour valoriser ces déchets. Mais comment limiter cette pollution et revaloriser ces déchets sur le territoire breton ?
“Seulement 9% du plastique produit est recyclé aujourd’hui à l’échelle mondiale”, c’est le chiffre donné par Océanopolis Acts, le Centre national de culture scientifique dédié à l’océan à Brest. Face à ce constat, Rehab, association et entreprise bretonne luttant contre la pollution plastique, s’est lancée dans le recyclage. S’inspirant de “Precious Plastic”, réseau communautaire de recycleurs citoyens fondé en Hollande, cette entreprise récolte du plastique pour le transformer en objets du quotidien sur mesure : tables, chaises et décorations. Pour ce faire, Rehab récolte les déchets en PET (polyéthylène téréphtalate) et PP (polypropylène) placés dans les bennes de déchets incinérables des entreprises. Une fois récupéré, le plastique est broyé en paillettes pour être disposé dans un moule. Ce moule est ensuite compressé à chaud pour réaliser des panneaux, matière première de Rehab. “Nous recyclons 10 tonnes par an”, confie Nicolas Voisard, designer de formation, à l’initiative du projet Rehab. Objectif : atteindre 70 tonnes annuelles en 2026, une progression qui nécessitera d’investir dans de nouvelles machines. Au-delà de cette dimension industrielle, ces recycleurs bretons organisent également des ateliers de sensibilisation et de collecte des déchets. Que ce soit pour la jeunesse ou les entreprises, il y en a donc pour tous les âges.
“On est arrivé à un point de non-retour”
Aurélie Canadas, bénévole et responsable de l’antenne Finistère de Surfrider.
Nos plages sont envahies !
D’autres associations de collecte de déchets sont présentes sur les plages bretonnes. Parmi elles, l’ONG “Surfrider Foundation Europe”, un collectif d’activistes positifs qui veut garantir un océan préservé aux générations futures. Objectif : mener des actions de sensibilisation aux déchets aquatiques. Pour cela, des ramassages de déchets sont effectués sur les plages pour informer les citoyens. “Nous avons réalisé une quinzaine de collectes depuis le mois de janvier”, explique Aurélie Canadas, bénévole et responsable de l’antenne Finistère de Surfrider. Selon l’organisme, 80% des déchets proviennent des centres urbains, 10% des usagers du littoral et 10% d’activités maritimes (bilan complet 2022 à retrouver juste ici). Les déchets plastiques collectés sont recyclables en fonction de leur parcours. Dans la rade de Brest, les bouteilles plastiques sont généralement en bon état car laissées sur la plage par des consommateurs indélicats. En revanche, sur d’autres plages, seuls des fragments de plastiques peuvent être collectés.
La raison : plus une bouteille séjourne longtemps en mer, plus elle est décomposée par le sel et les UV. Cette différence est primordiale : les bouteilles collectées sont propres donc recyclables, tandis que les fragments, déjà décomposés, sont jetés aux ordures ménagères pour être incinérés. “En matière de pollution plastique sur les plages, on est arrivé à un point de non-retour”, constate Aurélie. Selon Surfrider la sensibilisation des adultes est indispensable, pour adopter des modes de consommation plus écologiques et montrer le bon exemple à leurs enfants. Ces actions de collectes mobilisent de plus en plus de participants. Samedi 25 mars, 350 volontaires ont récolté 300 kg de déchets en rade de Brest en moins de 2 heures. Cette opération appelée “Défi Plastique 2023-2H pour l’Océan” était organisée par Océanopolis Acts en partenariat avec Surfrider Foundation Europe. D’autres ramassages sont à prévoir dans le Morbihan cet été avec l’association “Les mains dans le sable” (dates à retrouver ici). La prochaine est prévue ce dimanche 11 juin dans la presqu’île de Conleau à Vannes. Alors n’hésitez plus et enfilez vos gants !
Une machine écologique et économique
Mais comment aider si le temps et la détermination ne sont pas au rendez-vous ? Le moyen le plus simple se trouve dans votre supermarché le plus proche. En effet, depuis 2021, les machines b:bot ont envahi plus de 400 grandes surfaces. Ces distributeurs inversés, placés à l’entrée des magasins, avalent vos bouteilles en plastique pour les transformer en paillettes. De plus, pour vous récompenser, un bon d’achat de quelques centimes est offert pour chaque bouteille déposée. L’idée est née d’un constat simple, en France, environ 16 milliards de bouteilles plastiques sont consommées par an, mais les fabricants n’en reçoivent pas la totalité. La raison : la perte de matière dans les poubelles jaunes.
Effectivement, une fois jetée, la bouteille est écrasée dans le camion poubelle puis triée. Cependant, avec ce compactage et les 10% d’erreurs de tri, nous sommes loin du compte des 16 milliards ! Pour réduire ce circuit, b:bot transforme directement vos bouteilles en paillettes qui seront livrées aux fabricants. Ce circuit court, permet de collecter plus de bouteilles dans un petit espace et de réduire le transport. “Cette solution permet aussi d’éduquer les consommateurs et de les inciter aux recyclages tout en les rassurant sur le processus de tri”, souligne Benoit Paget, président et co-fondateur de b:bot. Au total, en 2 ans, 120 millions de bouteilles collectées ont été recyclées en flacon neuf, tout en permettant aux “b-boteurs” d’empocher 1 million d’euros en bons d’achat. Actuellement, une centaine de machines sont présentes en Bretagne. “Les Bretons sont de bons élèves en termes de recyclage, avec des performances supérieures de 60% à celles observées à Paris”, reconnaît Benoit. Un geste simple, économique et écologique ! Pour trouver la b:bot la plus proche de chez vous, cliquez ici.
Bastien Baehr