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Les cargos mettent les voiles

-la coque du voilier cargo de Towt est arrivée  à Concarneau.

-Des ailes pour le Canopée qui va transporter les éléments de la fusée ariane. 

-Un nouveau bateau pour Grain de Sail qui devient commissaire de transport.

-Objectif : viser le zéro émission du transport maritime à l’horizon 2050 

Ces dernières semaines, plusieurs projets de transport maritime décarboné ont franchi une étape industrielle décisive. C’est le cas du cargo à voile de la compagnie Towt, dont la coque vient d’arriver aux Chantiers Piriou de Concarneau. Le Canopée, qui va transporter des pièces du lanceur Ariane 6 vient d’être équipé de ses ailes articulées en juillet. Le fabricant de chocolat Grain de Sail lance un nouveau navire et ouvre ses cales à d’autres partenaires. Du côté des transports de passagers, la coopérative Sailcoop affiche ses ambitions et le breton Iliens défend son modèle à Belle-Ile.

Nouvelle étape pour TOWT

Cette fois, ce n’est plus un rêve. Les cargos à voile deviennent réalité. Plusieurs annonces ont fait l’actualité cet été.  

À Concarneau, le 29 août, la coque nue du premier cargo voilier de la compagnie TWOT est arrivée par la mer chez Piriou, en provenance du chantier naval roumain de ce dernier, pour y être gréé et aménagé. Une manœuvre impressionnante qui illustre le renouveau du transport de marchandises à la voile. Dès février 2024, Anemos (c’est son nom) mettra le cap vers la Colombie, emportant dans ses cales plus de 1.100 tonnes de marchandises. L’aventure de Towt, qui a débuté il y a 11 ans avec une flotte de voiliers de charge traditionnels, franchit donc une nouvelle étape de son développement. Avec l’ambition de construire une véritable flotte d’une dizaine de navires à terme. Les chargeurs et les investisseurs sont au rendez-vous. La compagnie, née à Douarnenez et qui a désormais son siège social au Havre, a levé 3,750 millions d’euros en 2022 lors d’une campagne de souscription à impact orchestrée par Lita.co.

la coque de l'Anemos est arrivée le 29 aout au Chantier Piriou de Concarneau pour être grée et aménagée.

Multiplication des chantiers

Autre initiative à suivre : celle de la compagnie maritime bas carbone nantaise Zéphyr & Borée : en juillet, le Canopée, impressionnant cargo blanc de 121 mètres développé pour Ariane Group pour acheminer les pièces du lanceur Ariane 6 jusqu’en Guyane, a été équipé de ses quatre « ailes » articulées d’une superficie de 363 m2. Cette technologie innovante, mise au point par le bureau d’études Ayro, contribuera à hauteur de 15 à 40% selon les cas à la propulsion du navire, en complément de moteurs Diesel.

Toujours à Nantes, Néoline a lancé la construction de son roulier Néoliner de 136 mètres de long, qui revendique une diminution de consommation énergétique de 80% par rapport à un cargo classique. Il pourra emporter jusqu’à 5000 tonnes de marchandises (400 voitures ou 250 containers) et devrait être mis en service en 2025 sur une ligne transatlantique entre Saint-Nazaire et l’Amérique du Nord. Son financement bénéficie du soutien de l’Ademe, qui a pris une participation au capital de l’entreprise en début d’année, aux côtés d’autres investisseurs et armateurs (CMA CGM Ventures, Corsica Ferries et Louis Hardy SAS).

Chez Grain de Sail, qui transporte déjà son chocolat et du vin sur son voilier transatlantique de 24 mètres, le lancement d’un second bateau deux fois plus grand (52 m) est annoncé pour le début 2024, avec une capacité d’emport de 350 tonnes. La coque est en cours d’acheminement depuis le Vietnam jusqu’à Lorient où elle devrait arriver dans quelques semaines. L’entreprise morlaisienne s’est également dotée en mars dernier d’une filiale logistique pour lui permettre de devenir commissaire de transport et d’ouvrir ses cales à d’autres produits.

Le cargo roulier Canopée est équipé de quatre ailes articulées. (crédit photo Madfly-Y.Derenne)
La coque du futur cargo de Grain de Sain, en chantier au Vietam (Crédit photo: Grain de Sail).

La propulsion vélique séduit les transporteurs pour des cargaisons aussi variées que des composants industriels de grande dimension ou des denrées alimentaires non périssables.

 L’organisation Maritime Internationale (OMI) prévoit d’atteindre le zéro émission de gaz à effet de serre par les navires à l’horizon 2050 

Passage à l’échelle

Du côté des lignes régulières de transport à passagers, la voile séduit également, de manière encore marginale il est vrai. En témoigne l’aventure de la coopérative Sailcoop, lancée en 2021 par de jeunes marins chevronnés, dans l’optique de proposer des alternatives au transport à passagers entre le continent et la Corse à bord de catamarans. En Bretagne, à une plus petite échelle, c’est aussi l’ambition de la jeune compagnie Iliens qui relie Quiberon à Belle-Ile de cette manière pour la 3e saison. Vous pouvez réécouter ici l’épisode du podcast « Et si on faisait autrement », avec le cofondateur d’Iliens, Jonas Duvivier.

Toutes ces initiatives poursuivent un but commun : prouver, en passant à l’échelle 1, que la décarbonation du transport maritime peut trouver son modèle économique en substituant les énergies renouvelables aux énergies fossiles et polluantes, responsables de près de 3% du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La réglementation internationale pousse en ce sens : l’Organisation maritime internationale (OMI) a prévu d’atteindre le Zéro émission de gaz à effet de serre par les navires à l’horizon 2050.  A leur échelle, les initiatives en cours vont y contribuer directement

Xavier DEBONTRIDE

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