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"FEVE", une solution concrète au défi du renouvellement agricole

Marion et Gaël éleveurs de brebis allaitantes à Langonnet dans le Morbihan
Dans le Morbihan, Marion et Gaël ont été soutenus par le fonds d'investissement FEVE pour s'installer et développer leur élevage de brebis

  • Une foncière solidaire et citoyenne permet aux jeunes agriculteurs sans capital de s’installer via la location avec option d’achat.

  • 58 agriculteurs installés grâce à FEVE (Fermes En Vie) depuis 2021.

  • 2 500 citoyens investisseurs soutiennent une agriculture durable.

Sur les hauteurs de Langonnet, dans le hameau de Penkerhir (Morbihan), un vent nouveau souffle sur les paysages bocagers. Là où paissaient autrefois des vaches charolaises, ce sont désormais 400 brebis et 100 agnelles qui animent les prairies de la Ferme des Papinades. À sa tête : Marion et Gaël, un jeune couple passionné et déterminé à bâtir un modèle d’élevage ovin résilient, respectueux du vivant et de la terre. Un rêve devenu réalité grâce à l’accompagnement de la foncière agricole citoyenne Fermes en Vie (FEVE).

Une ambition née de parcours atypiques

Ni Marion ni Gaël ne sont issus du monde agricole. Elle, fille d’aide-soignant et d’un réparateur de téléphones, a exploré l’agriculture à travers le woofing et des expériences dans différentes fermes biologiques. Lui, ancien cogérant d’un parc animalier, rêvait de créer une bergerie. Leur rencontre dans une ferme bretonne a scellé leur envie de s’installer ensemble. Le couple partage la même vision : produire une viande ovine de qualité, en lien avec la nature, l’éthique et le territoire.

Un projet d’avenir centré sur l’autonomie et le bio

L’installation de Marion et Gaël s’est faite en janvier 2025, après un parcours semé d’obstacles. Jugé atypique par plusieurs banques, leur projet d’élevage de brebis allaitantes en filière longue n’entrait pas dans les cases. On leur a même dit que le mouton, c’était « exotique », se rappelle Marion, un brin amusée.


Aujourd’hui, bien installés à Langonnet dans le Morbihan, le couple a pour objectif d’atteindre 800 brebis mères d’ici 2027, en misant sur des races rustiques, dont certaines venues du Pays de Galles. Ils veulent des animaux adaptés à vivre dehors le plus possible, sauf pendant les périodes d’agnelage. La ferme, qui s’étend sur 121 hectares, vise l’autonomie alimentaire avec des prairies naturelles et des cultures d’orge et de méteil produits sur place.

Le rôle clé de FEVE dans leur installation.

Leur projet est devenu réalité grâce à FEVE une foncière agricole qui a débloqué leur situation en prenant en charge l’achat des terres, soit plus de 105 hectares, via un montage juridique basé sur une Société Civile Immobilière. Marion et Gaël sont locataires avec une option d’achat progressive. Ils peuvent racheter tout ou partie des terres au rythme qui leur convient, sans pression. L’objectif est de donner du temps à celles et ceux qui s’installent pour construire un projet pérenne. Le reste – maison, bâtiments d’élevage, cheptel, matériel – a été financé grâce à un prêt bancaire et au soutien d’une coopérative agricole. 

En s’appuyant sur l’épargne citoyenne (plus de 34 millions d’euros collectés depuis 2021), FEVE a déjà permis l’installation de 58 agriculteurs sur 38 fermes en France, majoritairement dans l’Ouest. Son modèle repose sur une vision claire : faciliter l’accès au foncier pour des projets agroécologiques, en lien avec les territoires et les habitants. Pour Quentin Helson, Chef de projet Bretagne / Pays de La Loire chez FEVE,  le cas de Marion et Gaël illustre parfaitement cette ambition : « Ils sont jeunes, motivés, compétents, mais sans apport. Ce sont exactement les profils que nous voulons accompagner. Le bio, l’autonomie, l’élevage de qualité : ce sont les piliers de l’agriculture de demain. »

FEVE ne s’arrête pas là : conseils, accompagnement post-installation, mise en réseau… « Si demain on veut planter un verger ou des haies, on sait qu’on pourra compter sur eux », souligne Marion. Déjà, les projets ne manquent pas : la ferme pourrait développer une activité de vente directe, en valorisant sa future certification bio.

« On veut que les citoyens réinvestissent le champ de l’agriculture, au sens propre comme au figuré. Grâce à FEVE, n’importe qui peut contribuer à installer des fermes durables, et donner un avenir à notre alimentation. »

Quentin Helson, Chef de projet Bretagne / Pays de La Loire chez FEVE

Donner du sens à l’épargne, soutenir une génération

« Pour les citoyens, investir dans FEVE, c’est participer à une transition concrète. Chacun peut devenir acteur, à partir de 500 €, pour soutenir une agriculture qui respecte le vivant », explique Quentin Helson. La foncière offre une réduction d’impôt de 25 % et un rendement modeste mais sécurisé, fondé sur la valeur stable du foncier agricole.

Alors que la moitié des agriculteurs français partiront à la retraite d’ici dix ans, la question du renouvellement des générations est devenue centrale pour l’avenir de l’agriculture. À Langonnet, dans le Morbihan, Marion et Gaël incarnent cette nouvelle génération prête à relever le défi, avec l’aide de FEVE, une foncière citoyenne qui facilite l’accès au foncier pour les porteurs de projets engagés dans l’agriculture durable. Leur parcours illustre comment un outil innovant peut répondre à l’un des plus grands enjeux agricoles de notre époque.

Face aux freins à l’installation des jeunes agriculteurs, FEVE apporte une réponse concrète et duplicable. En facilitant l’accès au foncier, en misant sur l’agriculture biologique et l’autonomie des fermes, cette foncière citoyenne contribue à renouveler les générations et à rendre l’agriculture à nouveau désirable. La ferme des Papinades en est une démonstration inspirante.

Un lien utile :  LA GRANGE > une plateforme gratuite et pédagogique  pour réussir son projet d’installation agricole. 

Cécile PELTIER

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