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Le premier immeuble bois de Bretagne sort de terre
- C’est dans le quartier rennais de Beauregard que le promoteur Ataraxia construit le premier immeuble en bois de Bretagne.
- Un pari technique et architectural, riche d’enseignements.
Et si le bois était un matériau à redécouvrir d’urgence face aux enjeux de décarbonation du secteur de la construction ? C’est la conviction du promoteur Ataraxia, qui construit actuellement un ensemble immobilier, dont des immeubles de 6 étages (25 mètres de hauteur), en recourant largement à ce procédé. Baptisé Ile ô bois, l’ensemble sort de terre dans la ZAC Beauregard- Quincé, au nord de Rennes. Le programme a fait l’objet d’une présentation lors du dernier Forum des Projets Urbains Grand Ouest, à Nantes, le 9 mars dernier. L’occasion de revenir sur la genèse du projet, ses difficultés et ses enseignements.
Équipe pluridisciplinaire
Tout est parti de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Construction bois pour tous », lancé en septembre 2017 par Rennes Métropole avec Fibois Bretagne, l’interprofession de la filière forêt bois, pour relancer la construction bois en Bretagne. Au total, 10 équipes et 12 projets (à Rennes, Orgères, Laillé, etc.) ont été retenus sur tout le territoire métropolitain, soit 370 logements dont 111 sur Beauregard-Quincé avec le programme Île Ô Bois.
Une équipe pluridisplinaire autour de deux cabinets d’architectes rennais, Liard & Tanguy et A’dao Architecture (Jean Lepéculier) ont travaillé trois ans durant pour relever le défi d’une construction bois de cette ampleur, avec 82% de matériaux biosourcés, en lien avec l’aménageur public Territoires Rennes, des bureaux d’études spécialisés et une entreprise mayennaise de charpente bois, Belliard.
Triple labélisation
Composé de trois tranches associant deux logements collectifs et maisons de ville, le programme innove par le système constructif retenu, qui lui a valu une triple labélisation : bâtiment biosourcé Niveau 3, certification Cerqual NF Habitat HQE et Certification Effinature, ce qui traduit le niveau de recherche et d’innovation proposé. Ainsi, l’immeuble Ile o bois obtient par anticipation la performance du seuil carbone prévu par la réglementation RE 2028.
Même s’il n’est pas 100% bois, en raison de contraintes réglementaires qui nécessitent de recourir à d’autres matériaux comme le béton pour certaines parties structurelles, l’Ile ô bois prouve qu’il est possible de réaliser un immeuble R+6 selon des techniques constructives innovantes. La première tranche devrait être livrée début 2024. Mais après quelques mois de retards en raison de difficultés économiques rencontrées par l’un des acteurs du chantier, celui-ci accélère. La préfabrication des murs permet en effet un assemblage rapide sur le chantier.
Le système constructif de l’Ile ô Bois permet un montage rapide sur site.
« Nous avons utilisé le bois lamellé croisé (CLT) qui offre de nombreux avantages comme sa flexibilité, sa légèreté et son aspect naturel très esthétique ».
Christine Tanguy, architecte
Chantier sec et propre
« Nous avons utilisé le bois lamellé croisé (CLT) qui offre de nombreux avantages comme sa flexibilité, sa légèreté et son aspect naturel très esthétique. Il permet également une rapidité incomparable d’exécution en matière d’assemblage et de construction qui réduit le temps de chantier. Les panneaux sont découpés et préassemblés directement chez le constructeur, Belliard. C’est un chantier sec, plus propre, moins bruyant », expliquent les architectes mandataires du projet, Christine Tanguy et Patrice Liard, du cabinet Liard et Tanguy à Rennes.
« C’est pour nous une opportunité d’innover sur les modes de vie, sur l’habitat et sur les procédés constructifs pour diminuer l’impact environnemental de la construction », précise Dominique Feuvrier, directeur de l’agence Bretagne du promoteur Ataraxia.
Et peut-être demain, de contribuer à structurer une filière de la construction bois en Bretagne, comme l’appelle de ses vœux Hervé Boivin, chargé de mission construction bois chez Fibois Bretagne, en rappelant que « construire avec le bois, c’est également maintenir la bonne gestion en forêt et participer à préserver les fonctions premières de la forêt, comme réduire l’érosion, absorber l’eau vers les nappes et contribuer au maintien de 2/3 de la biodiversité́ terrestre ». Sans oublier qu’un m3 de bois permet de capturer 1 tonne de C02.
Xavier DEBONTRIDE