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Windcoop veut lancer un porte-conteneurs à voiles avec Piriou

Le navire de la compagnie coopérative Windcoop mesurera 89 mètres. ©Windcoop
  • Windcoop a été fondée en mai 2022
 
  • C’est la première compagnie maritime de transport à la voile organisée en coopérative
 
  • Son premier voilier-cargo est prévu pour 2026
 
  • Le chantier breton Piriou a été retenu pour réaliser les études
 
 

La coopérative de transport à la voile Windcoop vient d’annoncer le chantier de construction de son premier cargo propulsé par le vent. C’est le breton Piriou, de Concarneau, qui est chargé de réaliser les études. Afin de pouvoir démarrer les travaux en avril 2024, la compagnie doit encore récolter 1.5 million d’euros et vient donc de lancer sa deuxième levée de fonds. Elle s’adresse à tous les citoyens désireux de décarboner la marine marchande.

Validation du chantier après 5 mois d’études

Windcoop a mis fin au suspens. La compagnie coopérative du transport maritime à la voile, qui avait lancé un appel d’offres pour la construction de son premier porte-conteneurs à voiles, vient de désigner le chantier sélectionné. C’est l’entreprise de construction navale Piriou, basée à Concarneau, qui remporte la commande. Le design final du bateau devra toutefois être validé lors d’une phase d’études de 5 mois, avant le lancement des travaux.

« Nous voulions un chantier français », se justifie Amaury Bolvin, administrateur de Windcoop et cofondateur de Zéphyr & Borée. Windcoop a été fondée par les associés de la compagnie maritime Zéphyr et Borée, Matthieu Brunet, président d’Arcadie et Julien Noé, fondateur d’EnercoopLe modèle coopératif, socle du projet, était « adapté à ce que l’on voulait mettre en place, dans un souci de transparence, de collaboration et de gouvernance partagée », explique Amaury Bolvin. Ainsi, tout citoyen intéressé par la décarbonation de la marine marchande peut soutenir Windcoop, grâce à son épargne et embarquer dans l’aventure ! 

Amaury Bolvin, administrateur de Windcoop et Alice de Cointet, directrice operationelle, ont dévoilé les prochaines étapes du projet du porte-conteneurs à voiles.
« Ce cargo à voiles économisera 60 % d’énergie par rapport à un porte-conteneurs du même gabarit »

Amaury Bolvin, administrateur de Windcoop

Un navire propulsé à 60 % par le vent

Après avoir ficelé le modèle économique, les sociétaires ont planché sur la construction du navire, dont certaines technologies restent encore à définir. Les travaux doivent débuter en avril 2024 avec sa mise à l’eau prévue début 2026. L’itinéraire est déjà programmé : le bateau partira de Marseille vers Madagascar, avec des arrêts dans plusieurs ports de l’île.

Le navire de 89 mètres de long, sera propulsé à 60 % par la force du vent. « Il économisera 60 % d’énergie par rapport à un porte-conteneurs du même gabarit », explique Amaury Bolvin. Sur une transatlantique, « la propulsion vélique serait même de 90 % », mais la route maritime vers Madagascar est plus complexe ». Le bateau empruntera notamment l’axe très chargé du Canal de Panama. Pour avancer, en plus de ses deux voiles larges de 1500 à 2000 m2, le navire sera équipé d’un moteur thermique fonctionnant au biocarburant ou au diesel pour effectuer des manœuvres  ou passer dans une zone peu ventée. 

Il avancera à une vitesse de 8 nœuds. Plus lent que les portes-conteneurs existants, « mais tout aussi compétitif », assure Amaury Bolvin. En effet, sur cet itinéraire, de nombreux bateaux font des escales en Asie. Le navire de la coopérative quant à lui, suivra une ligne directe. La traversée durera une soixantaine de jours aller-retour. 

Le cargo à voiles partira du port de Marseille en direction de Madagascar. L'aller-retour devrait durer une soixantaine de jours. ©Windcoop

Déjà 27 chargeurs prêts à confier leurs marchandises 

Le cargo pourra transporter 140 conteneurs de vingt pieds, soit 1 500 tonnes de fret. À son bord, un équipage franco-malgache d’une quinzaine de personnes et quelques touristes passagers. Du côté des marchandises, des épices, du café, du chocolat, mais aussi du textile et des produits de l’aquaculture seront transportés. « En résumé, ce sont des denrées que l’on ne peut pas trouver chez nous, mais dont on peut difficilement se passer », explique Alice de Cointet, directrice opérationnelle. 

La société affiche clairement ses ambitions sociales et environnementales. Ce qui séduit déjà de potentiels clients, soucieux de réduire la pollution de leurs importations.Vingt-sept chargeurs, dont Arcadie, Prova, Biocoop, Etiquable, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils confieront leurs produits au cargo. Un choix engagé, lorsque l’on sait que le transport maritime est responsable de 3 % des émissions mondiales de CO2. 

Les projets de transport maritime décarboné qui fleurissent un peu partout sont donc les bienvenus. L’affréteur Windcoop ne les perçoit pas comme des concurrents, au contraire. « Des projets comme nous, il n’y en a pas assez », insiste Amaury Bolvin. Il faudrait réduire de 40 % les émissions de CO2 dans le transport maritime, d’ici 2040, d’après l’OMI (Organisation maritime internationale). Le chemin est encore long…

Encore 1,5 million d’euros à collecter

Pour mener à bien ce projet d’envergure, Windcoop doit collecter 1,5 million d’euros d’ici fin janvier 2024. La première levée de fonds avait permis à la coopérative d’obtenir 5,5 millions d’euros. « Le financement citoyen représente 1/3 du coût total de la construction, le reste étant pris en charge par la dette bancaire », explique Alice de Cointet. À noter qu’avec le statut coopératif, les investisseurs ont un pouvoir décisionnel, selon le principe : un homme est égal une voix, quelque soit le montant investi. Pour l’heure, 172 sociétaires font déjà partie de l’aventure. « Ce sont des personnes engagées dans l’écologie, mais aussi des marins et des chargeurs ou des militants du système coopératif », d’après la directrice opérationnelle. Pour participer au financement citoyen (en parts sociales, titres participatifs) il faut se rendre sur wind.coop en cliquant sur « investir »

Adèle CHARRIER

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