Infos Solidarités

Publié le 

Le premier hôtel inclusif de France se trouve en Bretagne

L'Ara Hôtel est situé à Landerneau dans le Finistère.
 
  • L’Ara Hôtel se situe à Landerneau, dans le Finistère 
 
  • 80 % des salariés sont reconnus travailleurs handicapés (RQTH)
 
  • Un établissement sur le même modèle devrait voir le jour à Rennes, d’ici 1 an
Dans le cadre du mois de l’ESS, MAPinfo met un coup de projecteur sur une initiative dans chaque département breton. À Landerneau, dans le Finistère, se trouve le premier hôtel inclusif de France, l’Ara hôtel. Dans cet établissement du groupe Vidéal, 80 % des employés sont en situation de handicap. Une volonté assumée par la direction et qui ne déroge pas, pour autant, aux exigences de la clientèle.

Des handicaps invisibles 

« Lorsque l’on postule à une offre, sur le CV, les recruteurs ne retiennent qu’un seul mot : travailleur handicapé. Ils ne vont pas plus loin. Ici, ça été l’inverse. » Cela fait 6 mois que Guillaume, 52 ans, a été embauché par l’Ara Hôtel de Landerneau, en tant que réceptionniste. Reconnu travailleur handicapé, à la suite de nombreuses opérations des épaules, l’ancien imprimeur souhaitait reprendre un travail « avec du contact, du service et des relations humaines ».

Après un court CDD, Guillaume a décroché un CDI. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’il s’intègre à son nouvel environnement de travail. « Lorsque l’on devient travailleur handicapé il y a une grosse perte de confiance en soi. En étant recruté à l’Ara hôtel, j’ai pris de l’assurance dans mes capacités. » Il faut dire que l’inclusion et la bienveillance sont les maîtres-mots du complexe hôtelier, entreprise du groupe Vidéal. Sur les 13 collaborateurs que compte l’hôtel, 80 % d’entre eux sont en situation de handicap.  « Ils détiennent une RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), ce qui veut dire qu’ils sont aptes à travailler en milieu ordinaire », précise Laurent Dubouchet-Poncey, directeur de l’hôtel. Il s’agit « de handicaps invisibles ».

Dans cet hôtel, 80 % des salariés sont en situation de handicap.

Un poste de travail adapté et des plannings aménagés

Le personnel étant plus fragile, « les tâches sont adaptées à la pathologie : le matériel est plus léger, on aménage les plannings et les postes de travail », indique le directeur. Pour autant, pas question de lésiner sur la qualité de la prestation, car l’hôtel de 40 chambres entend bien conserver ses trois étoiles. « Nous nous adressons à une clientèle lambda. Ce ne sont pas des gens forcément sensibilisés. Nous n’avons pas le droit à l’erreur », insiste le directeur. En réservant, certains clients ne savent d’ailleurs même pas qu’ils vont séjourner dans un établissement qui emploie des personnes en situation de handicap. 

Pour Laurent Dubouchet-Poncey, qui a repris l’établissement en janvier 2023, l’inclusion est un choix assumé. « C’est la dimension humaine qui m’a intéressé. J’ai toujours été sensible à ces sujets. Si je peux, par l’intermédiaire de mon activité, militer pour cette cause, c’est encore mieux ». 

«Lorsque nous avons un fournisseur à choisir, nous regardons d’abord si cette activité existe dans le secteur du handicap. »

Solène Lagathu, responsable RSE du groupe Vidéal

Une entreprise inclusive et … vertueuse

À l’origine, lorsque l’hôtel a été racheté en juillet 2015, « Didier Dubois, son fondateur (et directeur du groupe Vidéal) voulait que l’établissement serve de vitrine pour l’insertion des personne en situation de handicap », explique Solène Lagathu, qui a tenu l’établissement de 2015 à 2022, avant de transmettre le flambeau à Laurent Dubouchet-Poncey. C’est pourquoi, en plus de l’inclusion dans l’équipe, les prestataires extérieurs sont sélectionnés, eux aussi selon ce critère « Pour les espaces verts nous avons un partenariat avec un ESAT, pour la blanchisserie nous travaillons avec une entreprise adaptée », liste l’ex-directrice, aujourd’hui responsable RSE du groupe Vidéal. « Lorsque nous avons un fournisseur à choisir, nous regardons d’abord s’il existe dans le secteur du handicap », poursuit Solène Lagathu.

Cette dernière a aussi œuvré pour que l’Ara Hôtel, qui possède le statut ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) devienne vertueuse sur tous les points. « Nous avons supprimé les emballages individuels, réduit les débits d’eau des robinets, mis en place le compostage », détaille Solène Lagathu. « Dans les menus, nous sélectionnons en majorité des produits locaux, issus de filières biologiques ». C‘est grâce à cet engagement qu’Ara Hôtel a obtenu l’Écolabel ainsi que le label Engagé RSE de niveau exemplaire, le plus haut niveau de certification délivré par l’Afnor.

L’Ara Hôtel possède une quarantaine de chambres, mais va s’agrandir pour accroître sa capacité avec 8 logements familiaux et 7 chambres supplémentaires. 

Agrandir et dupliquer le modèle 

Depuis sa création, l’Ara Hôtel est souvent complet. Pour capter une clientèle plus familiale et augmenter sa capacité d’accueil, le complexe hôtelier va donc s’agrandir. « Nous construisons huit logements pour quatre couchages, sept chambres supplémentaires et un espace bien-être avec une salle de fitness, massage et balnéo », détaille le directeur. Le chantier devrait être livré en juin 2024. 

Et comme l’Ara Hôtel fonctionne à plein régime, le groupe Vidéal souhaite même dupliquer son modèle, en créant un autre hôtel à Chantepie, en périphérie de Rennes. L’établissement comptera 70 chambres et devrait ouvrir à l’automne 2024. 

Adèle CHARRIER

Recherche