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En Bretagne, la seconde vie des matelas s'opère avec Envie
- Envie Bretagne, Véolia et Ecomaison ont inauguré en octobre 2023 une unité de tri et de valorisation des matelas
- Mousse, ressorts, textile : de nombreuses matières peuvent être révalorisées
- Sur le site de la Mezière, ce sont des salariés en insertion qui se chargent du tri et des découpes
Chaque année des millions de matelas sont jetés, alors que 95 % des matériaux qui les composent sont recyclables. Pour trouver une solution à ce problème, une filière de valorisation des matelas s’est développée en France sous l’impulsion d’Ecomaison, un éco-organisme agréé par l’Etat. Dans ce sillage, une unité de tri et de démantèlement des matelas, unique en Bretagne, a vu le jour près de Rennes. Envie Bretagne est à la manœuvre en partenariat avec Ecomaison ainsi que Véolia qui gère la collecte et la logistique.
Sauver de la poubelle des produits déclassés
En France, plus de 4 millions de matelas sont jetés par an. Avant 2015, la majorité de ces matelas étaient enfouis, faute de structure pour les revaloriser. Mais ce temps est révolu. Avec la mise en place de la loi AGEC pour une économie circulaire et sous l’impulsion d’Ecomaison, un éco-organisme agréé par les pouvoirs publics, le recyclage de la literie et de l’équipement de la maison s’est développé.
En Bretagne, cela s’est concrétisé avec l’inauguration d’une unité de tri et de démantèlement des matelas à La Mézière, non loin de Rennes, gérée par Envie SE recyclage Bretagne (filiale recyclage du groupe Ressources T), en partenariat avec Ecomaison et Véolia, en octobre 2023. C’est le seul site dédié aux matelas en Bretagne.
Un démantèlement des matelas à la main
Deux fois par jour, les matelas arrivent par dizaines, chargés dans des camions-bennes de Véolia, en provenance de toute la Bretagne. À la réception, onze salariés en parcours d’insertion s’affairent à la tâche le long de la ligne de production. Les matelas sont triés, en fonction de leur conception et des matériaux qui les composent : ressorts, laine, mousse, latex… Ils circulent ensuite sur un tapis roulant, qui les achemine vers un poste de travail dédié.
Puis, le démantèlement s’opère à la main, « bien plus précis que la machine », reconnaît Auguste Herbouiller, responsable d’exploitation. La tâche se complique néanmoins lorsque les matelas sont multicomposites, avec des couches de plusieurs matières, car la base du tri réside dans la séparation des matériaux. « Si nous n’arrivons pas à séparer les couches, nous ne pouvons pas les valoriser », reconnaît le responsable d’exploitation qui plaide pour une fabrication plus éco-responsable des matelas. « Ce qui me plaît, c’est que je ne m’ennuie jamais, je fais des choses différentes tous les jours. Ça me permet d’apprendre des gestes techniques, mais aussi de me sentir utile », témoigne Gilles Fresnel, 41 ans, arrivé fin novembre 2023.
Véolia, en charge de la collecte, de la revente et de la logistique
Au bout de la chaîne, les matériaux qui peuvent être valorisés (les ressorts, le textile effiloché, les mousses latex et polyuréthane) deviennent de la « matière première secondaire » pour de nouveaux usages. Les mousses compactées servent par exemple à faire de l’isolant pour les habitations, ou bien à refaire de la mousse polyuréthane pour concevoir de nouveaux matelas. Le latex, quant à lui, est ré-employé dans la création de tapis pour les bovins.
« À la sortie, « il y a 60 % de valorisation matière, 38 % de valorisation énergétique et 2 % de refus », énumère Auguste Herbouiller. Concrètement cela signifie que la plupart des matières qui ne peuvent pas être revalorisées, sont incinérées. Cette énergie thermique permet de chauffer les bâtiments.
Une fois le processus de valorisation effectué, c’est Véolia qui se charge de revendre les matières aux industriels. « C’est un super partenaire, nous sommes complémentaires, car Véolia possède un portefeuille d’acheteurs et une force de frappe que nous n’avons pas », résume Sophie Courbarien, responsable de la communication de Ressources T-Envie. La multinationale s’occupe de la logistique en amont et en aval, puisque c’est également elle qui collecte les matelas dans les déchèteries de la région – avec d’autres recycleurs.
« À la sortie, il y a 60 % de valorisation matière, 38 % de valorisation énergétique et 2 % de refus »
Auguste Herbouiller, responsable d’exploitation chez Envie recyclage Bretagne
4000 tonnes de matelas par an prochainement ?
« Notre activité de recyclage des matelas a réellement débuté en 2015 » , se souvient Sophie Courbarien. « Mais à l’époque, c’était à petite échelle » . Les équipes ont déménagé sur le site de la Mézière en décembre 2022, pour pouvoir traiter de plus gros volumes. Pour l’heure, 2.000 tonnes de matelas par an transitent par la plateforme, mais l’unité de tri a été conçue pour accueillir jusqu’à 4.000 tonnes de matelas. Dans son développement, l’unité de valorisation des matelas mise sur les expérimentations dans le but de réduire au maximum le tonnage des matériaux qui partent à l’incinération. Plusieurs tests sont en cours.
Les matelas sont d’abord collectés par Véolia dans les déchèteries bretonnes, avant d’être triés puis valorisés sur le site de l’unité de valorisation à la Mezière. (©Envie Bretagne).
Ré-employer les matières, favoriser le retour à l’emploi
En plus d’être un acteur clef du réemploi, Envie Bretagne participe à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi. C’est d’ailleurs l’essence même de son activité. « L’objectif c’est qu’elles gagnent en compétences générales et surtout qu’elles reprennent confiance, pour décrocher des entretiens et trouver un travail », explique Sophie Courbarien. Les salariés peuvent rester deux ans maximum dans l’entreprise, mais la plupart d’entre eux trouvent du travail bien avant. L’entreprise d’insertion enregistre un taux de 74 % de sortie dynamique, ce qui veut dire que les personnes concernées décrochent soit un CDI, soit un CDD, ou entrent en formation, après leur passage chez Envie recyclage Bretagne.