Infos Solidarités
Publié le
Ces jeunes collectent les viennoiseries des hôtels pour les plus démunis
- Depuis 2021, une antenne des Hôtels solidaires est implantée à rennes
- L’association recupère des denrées alimentaires, du mobilier, de la literie des hôtels pour les donner aux plus démunis
- Le mercredi, ce sont des élèves d’un IME qui assurent les collectes
À Rennes, l’association les Hôtels Solidaires récupère depuis septembre 2023 les restes des petits déjeuners des établissements hôteliers, pour les donner à l’association Coeurs Résistants, qui les propose aux personnes en situation de précarité. Et pour que la démarche soit inclusive, ce sont des jeunes de l’IME l’Espoir qui effectuent les collectes. MAPInfo a suivi leur action.
2000 viennoiseries sauvées de la poubelle
Il est 10h et comme tous les mercredis depuis septembre dernier, Malo, Mercedes et Corentin, trois jeunes de l’IME (Institut médico-éducatif) de l’Espoir, se rendent à l’hôtel Campanile, accompagnés de leur éducatrice. Leur mission ? Collecter les viennoiseries, baguettes, pancakes et autres restes du petit déjeuner auprès des hôtels dans le quartier de la gare, à Rennes. « On aide les personnes qui sont dehors en leur apportant à manger », résume Mercedes.
Les trois adolescents ont rejoint Les Hôtels Solidaires en tant que bénévoles. Créée il y a quelques années à Paris, l’association collecte de la vaisselle, de la literie, du mobilier, mais aussi des denrées alimentaires auprès des établissements hôteliers, pour les redistribuer aux personnes en situation de précarité. Depuis janvier 2021, une antenne rennaise s’est développée sous l’impulsion d’Yvan Le Bras. Dans la capitale bretonne, l’initiative semble plutôt bien fonctionner puisque pas moins de 20 tonnes de mobilier, 500 matelas et 2000 viennoiseries, ont été collectés à ce jour.
Vous voulez en savoir plus sur les initiatives solidaires, retrouvez notre article sur les frigos partagés
« Favoriser l’inclusion »
Aujourd’hui, la collecte s’annonce moins fructueuse que certaines fois. Mais ça n’a pas d’importance, pour les adolescents c’est le geste qui compte. « Je me sens utile. Je sais que ce que je fais va permettre à des gens de se sentir mieux, d’autant plus que l’on est en hiver », explique Mercedes. Corentin a un peu de mal à retenir sa gourmandise face aux viennoiseries alléchantes, mais il se retient car il sait que son action permet « aux pauvres d’avoir à manger », d’après son copain Malo.
C’est en cherchant sur internet une activité bénévole pour « favoriser leur inclusion » que Marilou Lucas, leur monitrice éducatrice, est tombée sur l’annonce d’Yvan. « L’idée m’a tout de suite plu. Je me suis dit que cette activité pourrait leur transmettre des valeurs et des codes sociaux ». Cette participation entre dans leurs activités éducatives. « Ils apprennent à se déplacer en sécurité, à côtoyer d’autres personnes. On travaille sur la notion de partage, de solidarité, de vivre-ensemble », commente l’éducatrice.
Lutter contre le gaspillage
Après leur passage au Campanile, Malo, Mercedes et Corentin se rendent au Saint-Antoine, généreusement accueillis par le personnel. « Nous sommes ravis de ce partenariat. À la fois car cela nous permet de lutter contre le gaspillage alimentaire, au même titre que les paniers Too Good To Go que nous proposons, mais avec le double avantage que la nourriture – ou le mobilier – sont redistribués à des personnes dans le besoin », justifie Adèle Raveleau, adjointe de direction de l’hôtel Saint-Antoine.
Sa consœur, Aurore Couderc, directrice du Campanile, est du même avis. « On a tous des choses dont on ne se sert pas, autant les réemployer ». Avant de collaborer avec les Hôtels Solidaires, cette dernière tentait déjà de limiter au maximum le gaspillage alimentaire dans son établissement au travers de plusieurs actions. Cette initiative est un pas de plus. « Ce qui est intéressant, c’est qu’Yvan connaît bien le réseau associatif, seuls nous ne pourrions pas en faire autant », souligne-t-elle.
Vous voulez en savoir plus sur les initiatives solidaires, retrouvez notre article sur le premier hôtel inclusif en Bretagne.
« Ce partenariat nous permet de lutter contre le gaspillage alimentaire avec l’avantage que les produits sont redistribués aux personnes dans le besoin »
Adèle Raveleau, directrice adjointe de l’hôtel Saint-Antoine.
« Ce sont des aliments que les bénéficiaires n’ont pas la chance de manger autrement »
Un réseau associatif à la base de cette initiative solidaire. Car, après avoir été collectés, les restes des petits-déjeuners, sont envoyés dans les locaux de l’association Coeurs Résistants. Pour ce qui est du mobilier, les Hôtels Solidaires collaborent avec d’autres associations du territoire telles qu’Habitat et Humanisme, Un toit c’est un droit, Utopie 56, et d’autres structures humanitaires.
Les bénévoles de Coeurs Résistants réceptionnent la marchandise avant de procéder à la distribution de ces viennoiseries deux fois par semaine aux sans-domiciles fixes. « Tous les bénéficiaires apprécient beaucoup, car ce n’est pas du rassis, c’est du frais » confie Raphaël, bénévole référent accueil et distribution. « On va recevoir des pancakes, des gâteaux, des pains spéciaux, ce sont des aliments qu’ils n’ont pas la chance de manger autrement ». Ces douceurs sucrées sont réconfortantes, « à tel point, qu’en 5 minutes le plateau est vide », assure Raphaël. Ce dernier espère, comme Yvan Le Bras, que les hôtels seront de plus en plus nombreux à suivre la démarche.
Adèle CHARRIER