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Près de Rennes, les restes de cette cantine alimentent un frigo partagé
- Depuis octobre 2023, un frigo partagé est installé au niveau de l’EPI Condorcet à Saint-Jacques-de-la-Lande
- Les denrées distribuées proviennent d’une cantine scolaire
- D’autres frigos partagés ou solidaires existent ailleurs en Bretagne
Pour lutter contre le gaspillage alimentaires et répondre aux besoins des habitants, la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande expérimente un réfrigérateur partagé, approvisionné par des restes de la cantine scolaire. Ailleurs en Bretagne, de nombreux frigos partagés ou solidaires ont vu le jour. Coup de projecteur sur cette initiative solidaire.
Lutter contre le gaspillage
Depuis octobre 2023, un étrange frigo a pris place dans l’entrée de l’EPI (équipement public intégré) Condorcet à Saint-Jacques de la Lande, près de Rennes. « Il s’agit d’un frigo partagé à destination des habitants de la commune », explique Julie Simon, directrice du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), à l’initiative du projet. Oeufs, fruits, légumes, yaourts, pain, fromage.. Chaque jour, les aliments varient, car les produits distribués proviennent de la cantine de l’école Suzanne-Lacore, située juste derrière. L’objectif ? Lutter contre le gaspillage alimentaires et répondre aux besoins des habitants par un dispositif qui ne coûte pas à la collectivité.
Après le service du midi, les denrées non consommées par les écoliers, sont mises dans des bocaux en verre par le personnel du restaurant scolaire. « Tout est fait dans les règles d’hygiène les plus strictes », assure Nathalie Bertin, responsable de la cantine. Les contenants sont étiquetés afin « que les gens puissent voir les dates de péremption et les allergènes ». À 15h15, la nourriture est ensuite déposée dans le frigo et les gens peuvent venir se servir.
Vous voulez en savoir plus sur les initiatives solidaires, retrouvez notre article sur le premier hôtel inclusif en Bretagne.
En libre-accès, sans fléchage
Kari était l’une des premières de la journée, ce jeudi 18 janvier. « Je viens presque tous les jours. Les aliments sont variés et c’est bon ! », lance-t-elle satisfaite de sa trouvaille du jour : un sachet de camembert et une salade composée. Cette mère de quatre enfants aux faibles revenus admet qu’avec l’inflation « les paniers de courses sont devenus trop chers ». Grâce à ce frigo partagé, elle estime économiser une centaine d’euros par mois pour nourrir sa famille.
Comme elle, d’autres parents profitent de la sortie d’école pour faire un détour au niveau du frigo. Mais difficile de quantifier ces passages, « puisqu’il n’y a aucun fléchage », assure Julie Simon. Tout le monde est libre de prendre la quantité d’aliments qu’il souhaite, sans conditions. Le libre-accès était une volonté. « Certaines personnes peuvent être gênées de demander de l’aide. Dans le frigo, elles peuvent se servir en toute discrétion. L’emplacement, bien réfléchi, favorise la confidentialité « , justifie la directrice du CCAS.
« Certaines personnes peuvent être gênées de demander de l’aide. Dans le frigo, elles peuvent se servir en toute discrétion »
Julie Simon, directrice du CCAS
« Le frigo est toujours vide »
Après trois mois d’expérimentation, la démarche semble plutôt bien fonctionner, « car le frigo est toujours vide », sourit Luc Simon, adjoint aux solidarités. Même si cela leur demande un peu de travail en plus, les cantinières sont, elles aussi, convaincues. « La vie est tellement dure en ce moment. Autant que ça profite à quelqu’un, plutôt que ça parte à la poubelle », reconnaît Nathalie Bertin.
En amont du projet, une étude de faisabilité avait été réalisée dans les quatre cantines de la ville, « notamment pour évaluer le tonnage d’aliments jetés », explique Julie Simon. Sur les 460 repas servis, en moyenne, par jour à la cantine, les initiateurs du projet avaient évalué à une vingtaine de parts, la nourriture vouée à la poubelle.
Le bilan de l’opération sera tiré à la fin du premier trimestre 2024, mais ils estiment déjà que l’initiative a porté ses fruits. Pour l’heure, seuls les produits frais sont distribués mais les plats chauds devraient bientôt être proposés. Si le succès du frigo est confirmé, le dispositif sera déployé aux trois autres cantines de la commune.
Où trouver les frigos solidaires et partagés en Bretagne ?
En Bretagne, d’autres initiatives de frigos partagés ou frigos solidaires (du nom de l’association du même nom développée en France par Dounia Metboul) comme celui de Saint-Jacques-de-la-Lande fleurissent sur le territoire. MAPinfo les a recensés pour vous (liste non exhaustive).
À Brest, Michael Le Borne, 48 ans, a ouvert en mai 2023, deux frigos solidaires, grâce notamment au budget participatif de la ville, dont il était lauréat. Le premier est installé au niveau de Lambézellec et le deuxième au centre social les Amarres.
À Saint-Brieuc, le premier frigo solidaire de la ville a été installé en 2021, rue Fardel, à côté du restaurant Auprès de mon arbre. Le second, a été inauguré en mai 2023 devant le supermarché Biocoop La Gambille, à Robien.
La ville de Vannes a accueilli en septembre 2022 son premier frigo partagé. Ce dernier est situé dans le restaurant associatif Ty Colibri, dans le quartier de Ménimur.
La capitale bretonne, Rennes, compte quant à elle, plusieurs Frigo Troc, à l’initiative de l’association Bug. Vous pourrez les retrouvez dans les centres sociaux de Villejean et de Cleunay ainsi que dans le quartier de Saint-Hélier, devant l’épicerie Day by Day mais aussi à la MJC de Bréquigny et dans les locaux de l’association Au P’tit Blosneur dans le quartier du Blosne. L’association Bug les a cartographiés.
Plus au Sud, à Nantes, l’association de réinsertion professionnelle des sans abris, la Brocante Verte a installé en octobre 2023, un frigo solidaire au niveau du lieu d’expérimentation le Wattignies. Avant ça, en mars dernier, deux étudiants avait décidé d’en installer un devant le restaurant Cha-Cha, dans le quartier Bouffay.
Adèle CHARRIER