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À Rennes, les cours d'écoles se veulent vertes et égalitaires

Le principe de l'aménagement de la cour d'école des Cloteaux comme dans les autres établissements est de tout végétaliser sauf ce qui ne peut pas l'être.
 
  • Depuis 2020, 10 écoles publiques rennaises ont été réaménagées
 
 
  • objectif : végétaliser pour créer des ilots de fraicheur 
 
  • et favoriser une démarche d’égalité
 
 

La Ville de Rennes s’est donnée pour mission de réaménager les cours de récréation de ses écoles publiques, avec en ligne directrice une végétalisation accrue, pour en faire des îlots de fraîcheur. Les transformations intègrent aussi un fort volet inclusif. Pour que la cour puisse convenir à tous les élèves quels que soient leurs aspirations ou leur genre, les aménagements favorisent la mixité des usages avec des espaces multifonctionnels. Celle de l’école des Cloteaux dans le quartier de Bréquigny illustre clairement ces deux objectifs. 

Un nouveau partage des usages de la cour

Il est révolu le temps où les cours d’écoles étaient faites de bitume recouvert par un marquage au sol en guise de terrain de foot, et où le seul élément de verdure était le marronnier cinquantenaire. Aujourd’hui, le temps est à la végétalisation et au réaménagement de ces espaces de récréation. À Rennes, la municipalité en a même fait une priorité de son mandat. « L’objectif est à la fois de créer un îlot de fraîcheur pour atténuer les effets du changement climatique, mais aussi de favoriser un nouveau partage des usages au service de l’égalité, de l’inclusion et de la lutte contre les discriminations. L’idée c’est que tous les enfants puissent profiter de la cour, quels que soient leurs centres d’intérêt », rappelle Gaëlle Rougier, adjointe à l’éducation, laissant entendre que les élèves qui n’aiment pas le foot peuvent aujourd’hui profiter de la cour au même titre que les autres, ce qui n’était pas forcément le cas avant.

Le terrain de foot est toujours là dans le nouvel aménagement de la cour de récréation de l'école des Clôteaux mais il est plus petit que dans l'ancienne.

Depuis 2020, dix écoles publiques rennaises ont profité d’une refonte de leur cour, sur les 87 établissements maternelles et élémentaires que compte la ville et il y en aura trois nouvelles cet été. Le choix des écoles est priorisé en fonction du degré de minéralisation du site mais aussi du quartier dans lequel elles sont implantées. 

L’exemple parlant de la cour des Cloteaux

Parmi elles, l’école des Cloteaux située dans le quartier de Bréquigny a subi une importante transformation. Son réaménagement a été pensé en concertation avec l’équipe pédagogique, les enfants et les animateurs scolaires. Cette démarche participative a donné lieu à un résultat remarquable. Il faut imaginer un espace découpé en plusieurs zones, avec d’un côté un espace de jeu et de détente qui comprend une structure sur laquelle on peut grimper, un toboggan, des balançoires, deux hamacs, deux tipis pour se cacher, des rondins de bois pour sauter ou s’asseoir, un petit amphithéâtre en bois et au fond une bibliothèque extérieure. À côté, un espace sensoriel comprenant un parcours avec différents matériaux au sol, des plantes aromatiques, ainsi que des bacs en bois remplis de plusieurs types de sable et de cailloux pour découvrir les textures, lui fait face. « Cette zone est intéressante notamment pour les élèves autistes, qui ont besoin de calme », explique Bruno Laperche, responsable de la maîtrise d’œuvre à la Direction des jardins et de la biodiversité à la Ville de Rennes. Le terrain de foot est toujours là, mais plus petit. Il se partage le reste de la cour avec un potager, un poulailler, un petit labyrinthe en arbres fruitiers et un perchoir en bois pour endosser la fonction de « cabane dans les arbres » souhaitée par les élèves. Tous ces espaces sont bordés de clôtures et délimités par d’autres espaces plus naturels tels que parre-terre de fleurs, de plantes et d’arbres, ainsi qu’une vaste prairie pour observer la faune et la flore.

À gauche, la cour de l’école des Cloteaux avant sa transformation (© Rennes Métropole). À droite, la voici après son réaménagement, bien plus végétalisée. 

« Le principe, c’est que nous végétalisons tout, sauf ce qui ne peut l’être ! »

Didier Chapellon, adjoint chargé de la biodiversité. 

La végétalisation offre de multiples bénéfices 

Sur les 4700 m2 de la cour, la végétation occupe ainsi une très grande place, 695 m2 de plus qu’avant plus précisément. « Dans ces nouveaux aménagements, le principe c’est que nous végétalisons tout, sauf ce qui ne peut l’être, comme les accès de service ou le préau par exemple « , explique Didier Chapellon, adjoint chargé de la biodiversité. Cette végétalisation répond à plusieurs objectifs. Elle permet d’abord de désimperméabiliser les sols. L’eau ne ruisselle plus autant qu’avant. Elle s’infiltre dans le sol et reste donc sur la parcelle, ce qui limite le risque d’inondation. Elle permet aussi de faire baisser la température : l’humidité absorbée par les plantes est restituée par ces mêmes végétaux lorsque la température est trop haute en été. La couleur de la végétation, plus claire que le bitume, refroidit l’air ambiant, c’est le principe d’albédo. À noter également que la canopée (cimes des arbres vues du ciel) couvre 30 % de la parcelle. Un indicateur intéressant lorsque l’on sait que dans l’ensemble de la végétation, ce sont les arbres qui captent le plus de CO2.

Des espaces arborés aux vertus pédagogiques 

Mais la nature et la biodiversité qui y siègent ne permettent pas simplement de rendre les espaces agréables, elles possèdent aussi des vertus pédagogiques. « On sait que les espaces végétalisés sont plus apaisants, plus sains aussi », souligne Gaëlle Rougier. Cela sans compter sur l’aménagement paysager conçu aussi pour développer leur motricité fine, ou sur les prairies. Ces dernières ont vocation à être observées par les élèves avec leurs enseignantes dans le cadre de projet scolaire, pour initier les plus jeunes au fonctionnement de la nature. En parallèle, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) réalisera des relevés pour recenser les espèces et leur évolution. Pour en savoir plus sur le sujet, lisez notre article sur le Bioblitz ou regardez notre vidéo sur l’Atlas de la biodiversité

Le chantier a été livré en septembre 2023, pour un coût total de 240 000 TTC. Une somme importante mais bien moins élevée que si les travaux qui avaient été réalisés par une entreprise. En effet, la Ville effectue ces travaux en régie. Ce qui veut dire que sont les services techniques de la Ville qui assurent cette mission. Ce choix permet aussi de favoriser les matériaux de récupération, du bois notamment issu des coupes des espaces verts. 

Adèle CHARRIER 

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