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Ce futur campus rennais se rêve en « démonstrateur de biodiversité »
- Situé à Beaulieu, à Rennes, le campus de CentraleSupelec s’étend sur 14 hectares
- Il devrait accueillir en 2030 deux autres grandes écoles, l’ENS Rennes et l’ENSAI
- Enjeu : préserver la biodiversité très riche de cet espace aux portes de la ville
À Rennes, l’école d’ingénieurs CentraleSupelec est installée depuis 1972 sur une vaste parcelle aux portes du campus de Beaulieu. Deux autres grandes écoles, l’ENSAI et l’ENS Rennes vont s’y installer dans six ans. À la clé : un vaste projet d’aménagement qui tiendra compte de l’environnement exceptionnel du site.
Nouveau pôle scientifique
C’est encore vu du ciel que l’on prend le mieux la mesure du campus rennais de CentraleSupelec. Nichée dans un vaste espace arboré de 14 hectares, l’école d’ingénieurs vit depuis 1972 au cœur d’un écrin de verdure insoupçonné. « A l’époque, ces anciens champs avaient été acquis par l’État dans l’intention d’y implanter toutes les antennes de Supelec. Mais le projet ne verra pas le jour, concurrencé par le site de Paris Saclay. Seule l’antenne rennaise y élira domicile », rappelle Ronan Soubeyran, directeur de CentraleSupelec, venu à Rennes le 17 juillet pour dévoiler l’avenir de ce campus.
En cinquante ans, la ville s’est métamorphosée, et les élèves ingénieurs viennent désormais en cours en métro, tout proche. De leur côté, deux écoles situées sur le campus de Ker Lann, à Bruz réfléchissaient depuis quelques temps à se rapprocher des équipements universitaires rennais, avec lesquels elles entretiennent de nombreux liens. L’ENSAI (École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information), qui forme des datas scientists spécialistes de la donnée et des algorithmes, et l’École normale supérieure (ENS) Rennes, qui forme, elle, des doctorants et des enseignants-chercheurs, travaillent déjà régulièrement avec les équipes de CentraleSupélec. D’où l’idée de regrouper les trois écoles sur les actuels terrains de cette dernière. L’ENSAI et l’ENS Rennes seront abritées dans de nouveaux bâtiments tandis que Centrale Supelec engagera une rénovation en profondeur des installations existantes.
« Ce projet de création d’un pôle scientifique, le campus Beaulieu Via Silva, est un signal fort pour replacer la science au cœur des débats et affirmer notre volonté collective pour former des citoyens scientifiques de haut niveau », souligne Yves Louet, directeur du campus de Rennes de CentraleSupélec, qui décrit le projet comme un véritable « campus du 21e siècle ».
« Nous voulons aussi un projet ouvert aux citoyens, et ouvert sur la ville. Nous réfléchissons donc à des bâtiments pouvant être utilisés à différentes fins et selon différentes temporalités en fonction des périodes de l’année ».
Pascal Mognol, président de l’ENS Rennes
Haies bocagères et zones humides
Insistant sur la nécessaire préservation de cet espace naturel particulièrement riche, les responsables des grandes écoles veulent faire de ce projet un « démonstrateur de biodiversité dans un site urbanisé », en adoptant un schéma durable et sobre en termes d’émissions carbone. En particulier, la trame des haies issues de l’ancien bocage sera préservée, tout comme les zones humides et les arbres classés présents sur le site. Conçu initialement dans les années 1970, époque du « tout-bagnole », le campus verra ses voies de circulation repensées pour favoriser les mobilités douces et actives. « Il s’agit d’offrir un environnement qui favorise la santé des élèves, des personnels et des citoyens », souligne Pascal Mognol, le président de l’ENS Rennes. Pas question, non plus de dupliquer des installations : l’heure sera à la mutualisation, avec un gymnase, une bibliothèque, un pôle restauration et vie étudiante qui seront accessibles à tous les étudiants. « Nous voulons aussi un projet ouvert aux citoyens, et ouvert sur la ville. Nous réfléchissons donc à des bâtiments pouvant être utilisés à différentes fins et selon différentes temporalités en fonction des périodes de l’année », précise Pascal Mognol.
Data center et boucle énergétique
À ce stade du projet, ses initiateurs se gardent officiellement de tout chiffrage financier, même si l’on peut estimer à une trentaine de millions d’euros une telle opération immobilière. Dans un souci de mixité et d’ouverture du campus, 700 logements étudiants devraient y trouver place, ainsi que des « logements familiaux » qui restent encore à définir.
Enfin, à noter la participation au projet d’Eskemm Numérique, le Groupement d’intérêt public (GIP) numérique de Bretagne, qui installera un data center sur le site. Avec, sans doute, l’idée de l’intégrer à une boucle énergétique sur le campus.
Si tout se passe comme prévu, le futur campus Beaulieu Via Silva devrait accueillir 2000 à 2500 étudiants à la rentrée universitaire 2030, auxquels s’ajouteront les personnels et les enseignants chercheurs rattachés aux trois grandes écoles. Bien loin, donc, des 300 élèves qui fréquentent les locaux actuels de CentraleSupelec.
Xavier DEBONTRIDE