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Îlots de chaleur : la solution des ombrières végétales made in Bretagne

Des ombrières végétales de l'entreprise Sinallagma sont installées dans le bourg de Paimpont. © Sinallagma, © Getty Images, Michaël Béchu (photographe)

 

 

-Sinallagma est une entreprise spécialisée dans la création d’ombrières végétales

-Leur rôle ? faire de l’ombre et rafraîchir les espaces

-Elles sont construites à partir de la méthode des structures réciproques

 

 

 

L’entreprise bretonne Sinallagma conçoit des ombrières végétales en bois de châtaignier sans clous, sans vis, sans colle, grâce à la méthode des structures réciproques inventée par Léonard de Vinci. Véritables alliées dans l’atténuation des effets du changement climatique, ces pergolas naturelles peuvent rafraîchir les espaces pour pallier les îlots de chaleur.

Des ombrières végétalisées

Fin août 2024. Les touristes sont encore nombreux à arpenter le bourg de Paimpont, village situé au cœur de la forêt de Brocéliande. Dans la foule, Vincent Bechtel, un habitué des lieux, tient à nous faire une visite un peu différente : celle de ses ombrières végétalisées. 

L’entrepreneur, charpentier et ingénieur de formation est un militant écologique convaincu. À l’aube de ses 40 ans, au lendemain de la naissance de son premier enfant, en 2022, Vincent Bechtel a eu l’idée de créer Sinallagma. En tant que concepteur d’aménagements d’extérieurs durables, Vincent conçoit avec l’aide de ses 6 collaborateurs, des ombrières végétalisées.

Les ombrières permettent de maintenir la fraîcheur. © Sinallagma, © Getty Images, Michaël Béchu (photographe)

Des pergolas naturelles, sans clous, sans vis, sans colle

Ces dernières reposent sur le modèle des structures réciproques élaboré par Léonard de Vinci. « Il s’agit d’une charpente, où chaque pièce supporte la suivante, tout en étant supportée par la précédente et où tous les composants sont indépendants », explique l’entrepreneur engagé. Autrement dit, l’infrastructure ne requiert, ni clous, ni vis, ni colle. « Et elle est parfaitement solide », assure Vincent. Selon ses calculs, en moyenne les ombrières peuvent supporter jusqu’à 300 tonnes de charge en plus des végétaux, de la puissance du vent et des éventuelles intempéries. 

Contre les îlots de chaleur 

Mais alors, au-delà  de l’esthétique, à quoi peuvent-elles bien servir ? « Leurs fonctions premières sont de rafraîchir les espaces dans lesquels elles s’implantent », explique Vincent Bechtel. La structure va supporter des végétaux, qui vont créer de l’ombre. « Mais c’est principalement l’évapotranspiration des plantes, qui va apporter la fraîcheur », détaille-t-il. Ce processus scientifique décrit la façon dont les végétaux, en rejetant de l’eau, refroidissent la température de surface. Grâce à des mesures par caméras thermiques, les équipes de Sinallagma ont décelé un écart de température de 15 °C entre le sol sous l’ombrière et à l’extérieur. 

C’est pourquoi, les ombrières peuvent ainsi être particulièrement utiles, pour pallier aux îlots de chaleur urbains, dans les lieux minéralisés, dépourvus d’arbres. « Elles peuvent être installées dans des lieux publics, dans des endroits où il n’est pas possible de planter des arbres pour différentes raisons ». Par ailleurs, elles permettent aussi de ramener de la biodiversité. Les butineurs et les insectes viennent y trouver refuge. 

En calculant grâce à une caméra thermique, les équipes de Sinallagma ont décelé un écart de température de 15 °C entre le sol sous l'ombrière et à l'extérieur. © Sinallagma, © Getty Images, Michaël Béchu (photographe)

Un savoir-faire et des ressources locales

Les ombrières sont toutes élaborées à partir de bois de châtaiginer, du bois local planté dans la forêt de Baud. L’activité de Sinallagma permet donc de valoriser cette ressource forestière locale. « Ce qui est intéressant avec les structures réciproques, contrairement aux charpentes classiques, c’est que l’on peut utiliser des morceaux de bois plus petits, biscornus. Cela évite qu’ils terminent en bois énergie », souligne Vincent Bechtel.

Si Vincent et ses salariés élaborent les plans, ce sont trois ateliers bretons spécialisés dans la création de charpentes qui se chargent de la découpe. Les ombrières sont ensuite transportées en pièces détachées jusqu’au lieu de l’installation. « Mes clients sont principalement des paysagistes », indique Vincent Bechtel. Ce sont eux qui se chargent de monter la structure. Ce sont eux aussi qui choisissent l’essence des végétaux qui orneront l’ombrière. « On peut presque tout mettre, mais généralement c’est souvent du houblon, du faux jasmin, de l’Ipomée ou de l’Akébia », poursuit Vincent Bechtel. 

 

Les équipes de Sinallagma élaborent les plans, puis les pièces sont découpées dans des ateliers de charpente en Bretagne. © Sinallagma, © Getty Images, Michaël Béchu (photographe)

« Dans les structures réciproques, chaque pièce supporte la suivante, tout en étant supportée par la précédente »
Vincent Bechtel, fondateur de Sinallagma

Une marque plus accessible 

Si l’activité de Sinallagma n’en est qu’à ses débuts, l’entreprise s’est déjà fait une place dans l’aménagement paysager du futur. « Nous sommes les seuls en France et même dans le monde à construire des ombrières végétales en structures réciproques », se réjouit Vincent. Une dizaine de projets ont vu le jour en 2023. « Nous avons reçu la commande d’un grand hôtel pour supporter un arbre remarquable dans ses jardins, une ombrière à installer sur un balcon à Paris… », énumère l’entrepreneur. Certains projets sont composés sur-mesure, mais l’entreprise propose six modèles sur son catalogue, déclinables dans différentes tailles.

Il faut compter autour de 10 000 euros en moyenne pour une ombrière Sinallagma, ce qui représente un budget important. Alors, pour rendre plus accessible ses produits, Vincent Bechtel a développé au printemps une deuxième marque avec son équipe, Pergola Ikigaïa

Les structures réciproques permettent de valoriser la ressource forestière, en utilisant même les plus petits morceaux de bois, qui, sinon seraient dédiés à la création de bois énergie. © Sinallagma, © Getty Images, Michaël Béchu (photographe)

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