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L'autoconsommation collective : "de l'électricité partagée en circuit court"

Le tracker solaire de la Vraie-Croix installé dans le cadre du programme d'autoconsommation Partag'Élec, porté par Morbihan Energies, est d'une superficie de 117 m2. (©Mairie de la Vraie-Croix)
 
 
  • L’autoconsommation collective consiste à produire et consommer de l’énergie localement
 
  • À la VraiE-Croix (56), le tracker solaire fourniT 10 bâtiments municipaux et 11 foyers
 
  • Ecologique et économique, le prix du kWh est bloqué 20 ans
 
 
 

Connaissez-vous l’autoconsommation collective énergétique ? Il s’agit de consommer localement de l’énergie produite sur place à partir de source renouvelable. Depuis 2022, la Vraie-Croix et 14 autres communes du Morbihan s’essayent à la démarche, grâce au programme Partag’Élec, porté par le syndicat d’électrification Morbihan Energies. Concrètement, un tracker solaire, installé sur la commune, alimente les bâtiments publics ainsi qu’une dizaine de foyers. Les souscripteurs bénéficient d’un prix réduit du kilowattheure. 

Une production et une consommation locales

Quand il fait des achats, Dominique Rouille préfère toujours la proximité. Et bien pour l’électricité, c’est pareil ! « C’est la dimension locale qui m’a plu dans ce projet ». Le Breton, qui s’intéressait à l’énergie solaire depuis longtemps, avait l’intention d’installer un panneau photovoltaïque sur sa toiture. Malheureusement, sa maison n’était pas adaptée. Alors, lorsque la municipalité de sa commune, la Vraie-Croix, et Morbihan Energies, le syndicat d’énergie départemental, ont fait appel à des volontaires pour l’opération d’autoconsommation collective, le sexagénaire n’a pas vraiment hésité. 

Mais au fait, c’est quoi l’autoconsommation collective ? « C’est de la production d’énergie locale à partir de ressource renouvelable, consommée localement », explique Danielle Havard, directrice générale adjointe de Morbihan Energies. Le Syndicat départemental d’énergie porte le programme baptisé Partag’Élec, pour lequel 15 communes ont participé, dont la Vraie-Croix. “C’est de l’énergie partagée en circuit court”, résume plus simplement Pascal Guiblin, le maire de cette commune de 1500 habitants. 

 

Le tracker solaire a été inauguré le 29 avril 2022. (©Mairie de la Vraie-Croix)

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Le tracker possède une production de 48 000 KwH par an. (©Mairie de la Vraie-Croix)

 Un tracker de 117 m2

 Contrairement à l’autoconsommation individuelle qui consiste à s’alimenter via un panneau solaire individuel     en vendant le surplus à un opérateur, l’autoconsommation collective permet de partager l’électricité entre les habitants d’un même quartier. « Les usagers sont consom’acteurs », précise Pascal Guiblin. 

 À la Vraie-Croix, ce projet s’est manifesté par l’installation, courant 2021, d’un tracker solaire de 117 m2 reposant sur un pivot central mobile. « Le tracker suit la courbe du soleil. Mais il est efficace même en temps de pluie, car il fonctionne avec la luminosité », explique le maire. La production de la centrale est de 48 000 kilowattheure par an, l’équivalent de 15 foyers hors chauffage à l’année. L’énergie collectée alimente le centre technique municipal ainsi qu’une dizaine de bâtiments municipaux, un espace commercial et onze foyers.

Les habitants doivent toutefois conserver leur fournisseur d’énergie habituel, car le tracker ne couvre qu’une petite partie de leurs besoins énergétiques, « entre 5 et 10 % » d’après les estimations de Dominique Rouille. « C’est un peu comme avec un puits. Il faut être raccordé au réseau pour s’assurer de l’approvisionnement, car le solaire est une production intermittente », explique Danielle Havard.

« Il faut quand même être raccordé au réseau car le solaire est une production intermittente ».

Danielle Havard, Directrice générale adjointe de Morbihan Energie

Une motivation écologique plus qu’économique 

Dominique Rouille estime qu’il aurait, malgré tout, économisé 150 euros sur l’année 2023, grâce à Partag’Élec. Une somme non négligeable en ces temps d’inflation. « Cela revient à 0,064€ du KWh HT, avec l’avantage que ce tarif est bloqué pendant 20 ans », indique Pascal Guiblin. 

Mais, ce n’est pas tant la dimension pécuniaire qui a intéressé le sexagénaire, même si ce dernier reconnait que « face à la volatilité des prix de l’énergie, ce système assure une stabilité ». « C’était plus l’envie d’avoir une consommation responsable », de faire un geste pour la planète. Des motivations confirmées par Danielle Havard. « Les gens ont adhéré au projet par engagement citoyen, pas pour gagner de l’argent. En 2020, lorsque nous avons commencé les démarches, les prix de l’électricité n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui ». 

Pour les élus, comme pour Morbihan Energie, l’intérêt du projet était d’abord d’impulser une démarche de transition énergétique, « dans une région qui est très dépendante de la production nationale d’énergie », explique la directrice adjointe du syndicat d’électrification morbihannais. « C’était un bon moyen de mobiliser les habitants pour qu’ils prennent conscience de leur consommation et qu’ils agissent en conséquence« , confirme le maire, en citant l’exemple de la machine à laver à allumer sous un grand soleil. 

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Financement et contraintes juridiques

Cette installation, financée par Morbihan Energie avec le soutien de l’Union européenne et de la Région Bretagne, a coûté 57 000 euros. Le projet a été rendu possible par la loi de 2017 sur l’autoconsommation collective. La Vraie-Croix n’était pas la première commune à tester cette nouvelle alternative énergétique. Dans le Morbihan, Pénestin était la première à tester l’expérience en 2017. Ailleurs en Bretagne, d’autres projets pilotes avaient aussi vu le jour. 

Dans ce type d’installation, la lenteur de la mise en oeuvre relève surtout des contraintes juridiques et administratives. « Pour ce projet nous avons du faire une innovation juridique, car lorsque vous faites de l’autoconsommation collective, il doit y avoir une personne morale organisatrice (PMO). Nous ne voulions pas créer 14 associations pour les 14 sites. Nous sommes arrivés à l’idée que Morbihan Energies pouvait représenter cette PMO pour le compte de toutes les centrales », explique Danielle Havard. Des contraintes juridiques qui n’arrêtent pas le syndicat d’énergie, qui prévoit de réitérer l’expérience sur douze nouveaux sites à partir de 2024.

Le tracker a coûté 57 000 euros. (©Mairie de la Vraie-Croix)

Adèle CHARRIER

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