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Cette start-up veut utiliser les microalgues pour traiter les effluents industriels

De gauche à droite : Guillaume Tanguy, Jean-Michel Pommet et Marie-Caroline Cunze, fondateurs de Zeni. (©Zeni)

 

  • Zeni expérimente une solution pour éliminer les nitrates et phosphates contenus dans les effluents industriels
 
  • La start-up a mis au point un procédé de traitement de ces eaux usées à partir de microalgues
 
  • Son siège social est basé à Saint-Nazaire 
 
 

Biologiste de formation, Jean-Michel Pommet vient de créer Zeni, une start-up qui a pour ambition de traiter les effluents à la sortie des sites industriels grâce aux microalgues. Ses associés, Guillaume Tanguy, ingénieur en procédé industriel, détenteur d’une thèse sur les microalgues et Marie-Caroline Cunze, ingénieure agronome, spécialisée dans les effluents industriels, l’accompagnent. 

Et si la solution pour traiter durablement les effluents industriels consistait à utiliser des organismes vivants présents dans tous les océans du monde : les microalgues ? C’est la conviction de Jean-Michel Pommet. Ce biologiste de formation vient de cofonder Zeni, avec ses deux associés Marie-Caroline Cunze et Guillaume Tanguy. La start-up, incubée par Atlanpole à Nantes en 2023, a pour ambition de supprimer les nitrates et les phosphates à la sortie des sites industriels. Les algues vont « assimiler les polluants » pour éviter que ces derniers rejoignent les cours d’eau et finissent dans la mer. Car ces rejets industriels causent de nombreux dégâts, à l’instar de la prolifération des algues vertes sur certains littoraux. 

 

« Par biomimétisme »

 

La démarche de Zeni, qui fait appel au « métabolisme des microalgues », repose sur le principe de « biomimétisme », un processus qui s’inspire du fonctionnement de la nature, comme MAPInfo vous l’avait expliqué dans une vidéo il y a quelques mois. « Avec les microalgues, il y a un champ des possibles qui est énorme, dans la pharmacie, la cosmétique, la nutrition et dans l’épuration », explique celui qui a travaillé pendant vingt ans dans la microbiologie, dont dix consacrés aux microalgues. 

Le potentiel des microalgues dans le traitement des eaux usées s’est donc imposé naturellement lors de la création de Zéni, dont le siège social est basé à Saint-Nazaire (44).

Les fondateurs de Zeni lors de la remise du prix Coup de coeur du public, le 23 janvier dernier dans les locaux d'Atlanpole.
« C’est une solution circulaire puisqu’en plus d’épurer l’eau, on va valoriser les microalgues »

Jean-Michel Pommet, cofondateur de Zeni.

Un procédé basé sur un photobioréacteur 

Mais alors, comment faire ? Le procédé réside en un appareil : un photobioréacteur. « C’est une sorte d’immense aquarium high tech contenant des microalgues non toxiques, installé à la sortie des usines destiné à recevoir les effluents », indique Guillaume Tanguy, directeur technique, ingénieur en procédé industriel, auteur thèse sur la culture des microalgues. « Les microalgues vont se nourrir des nitrates et des phosphates et des autres polluants présents dans les effluents en faisant de la photosynthèse », explique Jean-Michel Pommet. L’eau sera ainsi débarrassée de sa pollution. « Cette eau épurée pourra potentiellement être réutilisée dans le processus pour faire des économies d’eau, ou être rejetée dans le milieu naturel », poursuit Marie- Caroline Cunze, son associée, ingénieure agronome de formation, directrice commerciale et projet de Zeni.  Les industriels du secteur de l’agroalimentaire (lait, brasserie) ou de l’aquaculture, pourront, à terme, installer ces usines Zéni sur leur site, pour traiter plusieurs centaines de mètres cubes d’eau.

« C’est une solution totalement circulaire puisqu’en plus d’épurer l’eau, on va valoriser les microalgues « , poursuit Jean-Michel Pommet. La matière organique produite pourra ainsi servir à la fois dans l’alimentation animale ou comme un fertilisant biosourcé. « Nous allons créer un co-produit », précise Marie- Caroline Cunze. 

Être compétitif sur son marché

C’est ce co-produit qui devrait permettre à Zéni de s’imposer sur ce nouveau marché. Car si des solutions similaires ont déjà expérimentées, notamment aux Etats-Unis avec des projets d’ampleur, les systèmes imaginés n’étaient pas jusqu’à présent  suffisamment compétitifs. « C’est sur ce point que nous apportons une solution durable. Nous voulons allier l’intérêt environnemental et la compétitivité, pour proposer des solutions qui soient viables pour les clients », ajoute Marie-Caroline Cunze. « Oui, le frein c’est la production industrielle à bas coup, donc nous proposons une approche low-cost  qui est essentielle dans notre modèle », renchérit Jean-Michel Pommet. Pour accompagner son développement et élaborer un modèle économique performant, Zéni a pu être accompagné, d’abord grâce au programme Azimut d’Atlanpole, puis en étant labellisé Deeptech par la BPI. Le 23 janvier, la start-up a même décroché le coup de Coeur du public, lors du forum d’Atlanpole face à 14 autres entreprises innovantes.

Exemple de microalgues (Istock, ©Sinhyu).

Premiers démonstrateurs réels d’ici 2 ans

Le développement de Zeni avance doucement mais sûrement. Les premiers résultats sont concluants. Courant 2024, d’autres tests vont donc être réalisés sur 100 litres d’effluents en laboratoire. Puis « l’idée serait ensuite d’installer des projets pilotes, pour des contenants d’un mètre cube chez un client « , explique Jean-Michel Pommet. D’ici la fin de l’année, les fondateurs de start-up espèrent nouer plusieurs partenariats pour tester leur solution à cette petite échelle, avant de viser l’installation de premières usines Zeni, en taille réelle chez les clients, d’ici 2025.

Adèle CHARRIER

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