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"Sablonnière" : le pari d'une construction bas carbone au service de l'inclusion
- Combiner performance environnementale et inclusion, c’est le défi de l’immeuble « sablonnière »
- Le programme géré par Archipel habitat compte 72 logements sociaux
- Dont 12 adaptés aux personnes épileptiques ou en situation de handicap
Dans la ZAC de Guînes, à Rennes, Archipel habitat, le bailleur social de Rennes métropole vient de construire l’immeuble « Sablonnière ». Il compte 72 logements sociaux dont 12 conçus pour des personnes fragiles : épileptiques ou avec un handicap lourd. Le chantier coche une case en faveur des transitions, celle d’une empreinte carbone réduite grâce à plusieurs innovations techniques.
Dans la ZAC de Guînes
Inclusif, innovant et bas carbone. Ces trois mots résument à eux seuls l’immeuble qui vient de sortir de terre à Rennes dans la ZAC de Guînes (bordée par le boulevard de Guînes au sud, la rue d’Inkermann à l’ouest, la rue Postuminus au nord et le boulevard Saint Conwoïon à l’est). Ce qui était autrefois un terrain militaire a été légué par l’Etat à la collectivité en 2017. Cette dernière avait l’obligation d’y construire des logements sociaux.
C’est donc dans ce nouveau quartier qui compte aujourd’hui 461 appartements, que le bailleur social de la métropole Archipel habitat a décidé de construire le bâtiment « Sablonnière » dans lequel se trouvent 72 logements sociaux. Montant de l’opération : 11 633 450 euros. Après quelques années de travaux, les premiers locataires ont pris possession des lieux en octobre 2023.
« Ce projet traduit l’exigence d’Archipel habitat, celle de l’audace grâce à sa performance environnementale jamais atteinte ainsi que son usage adapté à des publics sensibles », s’est félicité Antoine Rousseau, directeur général d’Archipel habitat, lors de l’inauguration de la résidence, le 31 janvier 2024.
L’agence d’architectes AFJA était à la manœuvre. « Nous avons dû faire face à plusieurs contraintes architecturales avec la légère pente du terrain en tenant compte de l’étalonnage de hauteurs du quartier », explique Anne-Françoise Jumeau, sa dirigeante.
Un batiment inclusif
Mais la véritable exigence se situe dans l’aménagement en faveur de l’inclusivité. Car ce bâtiment flambant neuf a été conçu spécialement pour accueillir des personnes fragiles. « L’objectif était de les rendre autonomes, sans qu’ils aient trop d’aménagements à faire pour leur pathologie », indique Antoine Rousseau. Les acteurs du projet ont donc travaillé avec les associations EPI Bretagne, (Epilepsie Progression Intégration) et l’APF FH (Association des Paralysés de France) pour imaginer cette offre.
Sur les 72 logements, 12 sont donc des appartements adaptés. Six d’entre eux sont notamment prévus pour recevoir des locataires épileptiques. « Nous avons doublé les murs d’une plaque de plâtre afin que la surface soit moins dure, sécurisé les balcons en rehaussant les gardes-corps, recouvert les angles de baguettes de bois… « , énumère Stéphane Raza, architecte, chef de projet. Les éléments considérés comme dangereux ont été corrigés, comme les radiateurs par exemple, volontairement arrondis. Tout cela pour prévenir les risques en cas de chute.
Six autres logements, dont 4 gérés par le bailleur social Espacil, ont été conçus pour accueillir des personnes à mobilité réduite et présentant un handicap lourd. « Il y a un haut niveau de domotique, tout est motorisé, le dégagement est plus large que celui inscrit dans les normes PMR », détaille Anne-Françoise Jumeau. Plus simplement, il faut imaginer que la salle de bain ressemble à celles des hôpitaux, que des rails pour soulever des personnes sont accrochées au plafond, que les prises électriques sont triées par couleurs et que l’évier de la cuisine a la possibilité de monter ou de descendre. Enfin un logement-ressource a été imaginé dans la résidence, pour recevoir les aidants et les professionnels de santé.
Baguettes arrondies collées sur les angles, rails destinés à porter des fauteuils… Dans cet immeuble, tout a été conçu pour s’adapter aux personnes en situation de handicap.
« Elle répond au seuil carbone exigé à partir de 2025 dans la construction ainsi qu’aux exigences fixées en matière d’énergie pour 2028 »
Stéphane Raza, architecte chef du projet
Des performances environnementales jamais atteintes
Outre sa dimension inclusive, l’immeuble « Sablonnière » fait figure d’exemple, car il répond à des critères de performance environnementale jamais atteinte chez le bailleur social. Dans le jargon des experts, il s’agit du premier bâtiment du groupe à atteindre le niveau E3C2 du référentiel énergie positive et construction bas carbone. Concrètement, cela veut dire que son empreinte écologique est moindre. Mais cela va plus loin : la construction est en avance sur la réglementation. « C’est une opération pilote puisqu’elle répond au seuil carbone exigé à partir de 2025 dans la construction ainsi qu’aux exigences fixées en matière d’énergie pour 2028 », souligne Stéphane Raza.
Cet optimum a été rendu possible grâce à plusieurs innovations techniques. À commencer par l’utilisation de la brique en terre cuite, une alternative durable au béton, très polluant. En effet, le béton représente 7 % des émissions mondiales de CO2 selon un rapport de l’Association mondiale du béton et du ciment (GCCA) datant de 2021. « L’avantage c’est que la Bio bric* en plus d’être efficace, est un très bon isolant « , a rappelé Stéphane Raza. Par ailleurs, de nombreux matériaux bio-sourcés ont été choisis dans la construction. Et enfin, le bâtiment est raccordé au réseau de chaleur urbain, système que nous vous avions présenté lors d’un article il y a quelques mois. En complément, la résidence produit sa propre énergie verte grâce à la récupération de chaleur issue des eaux grises. En bref, cette construction côche tous les cases en faveur des transitions, en espérant qu’elle ouvre la voie à d’autres chantiers positifs.
Deux angles différents de l’immeuble « Sablonnière ». (AFJA ©Luc Boegly).
Un jeu de briques pour comprendre les règles d’urbanisme
C’est une démarche ludique et pédagogique que propose Rennes Métropole aux habitants soucieux de comprendre les enjeux de la modification du plan local d’urbanisme intercommunal. Dans le cadre de la période de concertation qui s’achève fin février, des réunions publiques sont organisées sur ce thème plutôt réservé d’ordinaire aux spécialistes. Comment répondre à l’accueil de nouveaux habitants dans le contexte de sobriété foncière ? Quelles formes d’habiter privilégier dans une logique de décarbonation et d’adaptation au changement climatique ? Quelles mobilités demain, quelle place pour la voiture individuelle ? Afin d’aider chacun à y voir plus clair sur ces débats souvent clivants, l’agglomération rennaise a mis au point un jeu de briques qui permet de visualiser les contraintes inhérentes à l’aménagement urbain. Décliné selon deux échelles (intercommunales, et à l’échelle du quartier), le jeu permet de dépasser les logiques individuelles pour prendre en compte les enjeux collectifs à l’échelle du quartier et du territoire. Prochains rendez-vous le 8 février à Betton (La confluence) et le 13 février à Bruz (Halle Pagnol).
Plus d’infos sur le site de la Fabrique citoyenne
Adèle CHARRIER