Infos environnement

Publié le 

[EDITO] La nature, source d’inspiration pour l’entreprise

Alors que de nouvelles études scientifiques révèlent l’accélération de l’effondrement de la biodiversité, il est urgent de repenser notre relation au vivant. Le tiers des oiseaux des champs ont disparu de nos campagnes en 30 ans, les populations d’insectes disparaissent à un rythme inédit… Plus que jamais, il nous faut repenser notre lien avec la nature, y compris dans notre dimension économique.

Dans la nature, rien n’est « hors-sol » 

Et si la nature devenait enfin une source d’inspiration pour l’entreprise ? Allez dans les champs ou dans les forêts et constatez vous-mêmes : on y trouve de la croissance, de l’intelligence collective (voyez les fourmis et les abeilles), des systèmes constructifs innovants, de la coopération entre espèces végétales et animales… Bref, tous les ingrédients généralement mis en avant dans les bons manuels de management !

Plus sérieusement, la nature nous enseigne une règle trop souvent oubliée dans nos organisations : rien n’y est « hors-sol ». Tout y est relié, c’est d’ailleurs le sens du mot écosystème, mis à toutes les sauces actuellement. La simple observation du vivant dans le règne animal et végétal permet de constater que les interactions n’y sont jamais fortuites. 

Ici, l’interdépendance des espèces obéit à un subtil équilibre, chacune s’appuyant sur son environnement pour y puiser ses ressources, indispensables à sa croissance, avant, demain, d’être à la source du développement d’une autre espèce.

 

« Il est urgent et indispensable de regarder de près les mécanismes de la biodiversité, à l’heure où celle-ci connait des bouleversements inédits, accélérés par le changement climatique et l’activité humaine. »

Biodiversité et biomimétisme

C’est ce qui caractérise l’écologie, qui avant d’être un courant politique, est cette science qui étudie la relation des êtres vivants avec leur environnement. Mais les études scientifiques nous alertent : ce subtil équilibre n’a jamais été aussi fragile et menacé par une espèce ultra dominante : la nôtre.

Alors, on l’aura compris, il est urgent et indispensable de regarder de près les mécanismes de la biodiversité, à l’heure où celle-ci connait des bouleversements inédits, accélérés par le changement climatique et l’activité humaine.

Ces sujets, d’ailleurs, on en parle de plus en plus, et c’est une bonne nouvelle. Depuis le lancement de MAPInfo, nous avons eu l’occasion de consacrer une quinzaine de reportages et d’interviews à cette dimension essentielle. L’Agence Bretonne de la Biodiversité, dont le siège est à Brest, propose aux professionnels publics et privés de les accompagner dans la prise en compte de la biodiversité. On peut aussi citer les travaux scientifiques qui se multiplient pour mieux comprendre les enjeux (le champ des océans est particulièrement riche en enseignements). 

Sans oublier le biomimétisme, cette démarche directement issue de l’observation de la nature pour imaginer des solutions industrielles innovantes, à l’instar de la startup Zeni et ses microalgues dont nous parlions il y a quelques jours.

L’impact de la réglementation

Et la finance, dans tout cela ? On voit bien la tentation de verdir les discours et les bilans en intégrant des références de plus en plus fréquentes à la biodiversité. Cette démarche présente de réels intérêts et ne doit pas être caricaturée en opérations de greenwashing, même si les dérives existent. L’évolution de la réglementation, notamment européenne avec la directive CSRD, va accélérer les transformations dans les entreprises et chez les financeurs. 

Demain, les entreprises qui ne respecteront pas leur environnement ne pourront plus se financer. Cela passe par une plus grande mesure des impacts, des dépendances, mais cette démarche produit des transformations durables et elles aboutissent souvent à des changements de modèles économiques plus vertueux.

Il est terminé le temps où l’entreprise ne s’intéressait à la nature que par l’espace qu’elle pouvait lui procurer pour son développement. L’heure de la coopération et de la préservation a-t-elle enfin sonné ? Il est grand temps que le vivant soit enfin considéré à sa juste valeur dans les arbitrages économiques. Une valeur vitale.

Xavier DEBONTRIDE

Recherche