Infos ré-emploi
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Elle sauve les invendus des pharmacies pour les associations caritatives
- Gwenaelle Fichel a créé « n’en jetez plus » en aôut 2023
- L’entreprise collecte les invendus auprès des pharmacies pour les distribuer à des associations caritatives
- Le réemploi des produits de première nécessité est une obligation depuis la loi AGEC
- En souscrivant à ce service, les pharmacies bénéficient d’une réduction fiscale
C’est en faisant le constat que de nombreux produits de première nécessité étaient gaspillés dans les pharmacies que Gwenaëlle Fichel a lancé N’en jetez plus en août 2023. Elle collecte les invendus qui ne sont pas des médicaments auprès des officines, pour les donner à des associations caritatives. Elle propose aujourd’hui son service dans le Morbihan, le Finistère et les Côtes d’Armor mais espère bien s’étendre prochainement à toute la Bretagne.
55 millions d’euros de produits gaspillés chaque année
55 Millions d’euros de produits de parapharmacie seraient gaspillés chaque année en France, soit entre 2500 et 7500 euros par officine. C’est le chiffre calculé par Gwenaëlle Fichel, ancienne commerciale dans un groupe de lait infantile. Face à ce constat, cette dernière a eu l’idée de créer N’en jetez plus, une entreprise de l’ESS, en août 2023.
Son service propose aux pharmacies de récupérer leurs invendus – sauf les médicaments – avant qu’ils n’atteignent leur date de péremption, pour les distribuer à des associations caritatives.
Une obligation depuis la loi AGEC
Une première en Bretagne, mais qui résulte d’un réel besoin sur le terrain. « Les pharmacies ont parfois du mal à prévoir leurs stocks. Il y a des effets de saisonnalité, de mode. Il arrive aussi que la formule des produits change, ce qui entraîne des stocks dormants », explique la fondatrice. Les pharmaciens ont bien conscience qu’il faut réemployer ces produits avant qu’ils ne périment. D’autant que depuis la promulgation de la loi AGEC « pour une économie circulaire », le 1er janvier 2022, les producteurs et distributeurs de produits de premières nécessité ont l’interdiction de jeter leurs invendus, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 euros.
Un réel service aux pharmaciens
« Les pharmaciens ne veulent pas jeter ces produits, mais le tri et la logistique demandent du temps qu’ils n’ont pas », souligne Gwenaëlle Fichel, en rappelant qu’ils sont déjà très occupés entre les difficultés de recrutement, leurs récentes habilitations à réaliser des vaccins, etc. Même s’ils avaient plus de temps pour s’y consacrer, la distribution est plus complexe qu’elle n’y paraît, car les produits ne sont pas tous destinés aux mêmes associations. « Nous ne faisions pas don de nos invendus par manque de temps et de connaissance des besoins des associations. Souvent, les produits étaient déjà périmés lorsque le labo nous les reprenait, donc inutilisables, c’est un service innovant et pratique pour se débarrasser des gammes qui ne tournent pas », commente Armelle Belzon, de la pharmacie du Lac, à Saint-Renan (Finistère).
« C’est du bon sens, mais je suis heureuse de pouvoir lever les freins par ce nouveau métier et oeuvrer pour la solidarité »
Gwenaëlle Fichel, fondatrice de N’en jetez plus.
Des produits divers, distribués à une trentaine d’associations
En proposant son service de collecte, Gwenaëlle Fichel a donc visé juste. Après huit mois d’activité, pas moins de 40 000 produits ont été distribués à une trentaine d’associations, en France et à l’étranger. Elle récupère des produits d’hygiène, des articles de puériculture comme du lait infantile, des soins cosmétiques, mais aussi des crèmes dermatologiques, du matériel médical telles que des genouillères ou des attelles ou encore des compresses, des pansements et des soins vétérinaires.
À l’heure actuelle, une soixantaine de pharmacies du Morbihan, du Finistère et des Côtes-d’Armor sont donatrices. Ces dernières ont signé un contrat avec N’en jetez plus. Elles bénéficient d’un service qui inclut la collecte en fonction de leurs besoins, le tri, la logistique, la communication, la distribution et la gestion administrative. Des lourdes tâches en moins à gérer et qui pourtant leur rapportent de l’argent. En effet, la loi mécénat permet aux donateurs de bénéficier d’une réduction fiscale de 60 % de la valeur des dons. « Nous rendons service à la population et cela me permet d’être en conformité avec la loi. C’est une idée permettant la coordination des différents acteurs », souligne Maxime Rondeau, de la pharmacie de la Galerie, à Quimper.
Un « sentiment d’utilité »
C’est aussi ce « sentiment d’utilité » qui anime Gwenaëlle Fichel. En apportant sa solution anti-gaspi et solidaire en pharmacie et en collectant des articles parfois difficiles à trouver pour les associations caritatives. « C’est du bon sens, mais je suis heureuse de pouvoir lever les freins par ce nouveau métier et œuvrer pour la solidarité », témoigne-t-elle.
Le marché du réemploi est en pleine expansion et le secteur pharmaceutique n’y échappe pas. Gwenaëlle Fichel est la première à s’être saisie du marché breton dans ce domaine. Elle est à ce titre lauréate du concours national 101 femmes entrepreneures. Elle espère bien élargir son périmètre, jusqu’ici cantonné au Morbihan, Côtes d’Armor et Finistère à toute la Bretagne. Pour l’aider, elle vient de recruter sa première salariée.
Adèle CHARRIER