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En Bretagne, les bébés aussi peuvent être écolos

L'Atelier des Langes propose aujourd'hui sur son site internet des kits de couches lavables à la location, ainsi que l'achat de couches lavables de seconde-main. (©Atelier des Langes).)
  • L’Impact carbone des nourrissons n’est pas neutre

 

  • Pour le réduire, de nombreuses initiatives existent à l’échelle locale 

 

  • Exemples avec l’Atelier des Langes et ses couches lavables à la location et Tikoantik et ses accessoires de puériculture reconditionnés

Couches lavables à la location, vêtements pour bébés et accessoires de puériculture de seconde-main, les nourrissons aussi peuvent être écolos ! En Bretagne et en Loire-Atlantique, plusieurs initiatives positives ont vu le jour. MAPInfo en a repéré deux pour vous. 

Certains citoyens décident de ne pas faire d’enfant par conscience écologique. D’autres estiment, en revanche, que la parentalité est un levier de prise de conscience, porteur d’espoir pour protéger la planète. 

Ce qui est certain, c’est que l’impact carbone des premiers mois de vie n’est pas neutre : entre les couches, les bodys qu’il faut changer régulièrement car l’enfant grandit ou les jouets en plastique… Pourtant, il existe des alternatives qui permettent de limiter drastiquement l’empreinte carbone de bébé (comme les adultes) grâce à la seconde-main ou la location. MAPInfo a repéré pour vous deux initiatives locales qui œuvrent en ce sens (il en existe évidemment bien d’autres).  

Les couches lavables en location avec l’Atelier des langes

De sa naissance à sa propreté, un bébé utilise en moyenne 5000 couches jetables. Ce qui produit à peu près 1 tonne de déchets au total. Face à ce constat saisissant, au lendemain de la naissance de son premier enfant, Laëtitia Geneste, fondatrice de l’association l’Atelier des Langes, a opté pour les couches lavables « par conscience écologique ». Mais après quelques essais et quelques désagréments , la jeune maman s’est rendue compte que les couches proposées n’étaient pas adaptées à son bébé. « J’en ai essayé plusieurs, jusqu’à tomber sur la marque Hamac qui m’a plu ». Son expérience personnelle lui a donné une idée. Celle de proposer un service de location, qui permettrait aux parents de tester le produit sans engagement. La première expérimentation auprès d’une dizaine de familles a été une franche réussite et le projet s’est développé. 

Laëtitia Geneste (à droite)a eu l'idée de créer L'Atelier des Langes à la naissance de son premier enfant. Puis Fleur l'a rejoint pour continuer le projet.

L’Atelier des Langes propose aujourd’hui sur son site internet des kits de couches lavables à la location, ainsi que l’achat de couches lavables de seconde-main. Les parents, les crèches ou collectivités qui y souscrivent bénéficient d’un accompagnement. « On donne des conseils sur la manière de changer le bébé, la position, les informations sur le nettoyage. Ce n’est pas plus compliqué que de mettre une couche jetable, c’est juste différent », explique-t-elle. Au début, l’Atelier des Langes offrait un service de nettoyage en partenariat avec une blanchisserie, mais « cette activité était trop chronophage ». Elle a donc été suspendue.

Sur le site de l’Atelier des Langes, de nombreux abonnements sont proposés : le tarif standard est de 55 euros pour la location d’un kit de 24 couches. En sachant que lorsque la taille est trop petite, il suffit de renvoyer le lot pour en recevoir un nouveau, sans frais supplémentaire. « Nous sommes une association, nous souhaitons rester une structure à but non lucratif », insiste Laetitia.

La couche lavable est intéressante sur plusieurs points : économique, écologique et hygiénique. (©L'Atelier des Langes)
Quels avantages  ?

Certains parents peuvent être réticents à l’idée d’adopter les couches lavables, souvent par méconnaissance. « Les préjugés ont la vie dure », ironie Laetitia. Pourtant, les avantages sont nombreux : sanitaires, écologiques et même économiques. « La production de 5000 couches jetables nécessite 67 kilogrammes de pétrole, 26 m3 d’eau et la coupe de 4 arbres. À l’inverse, une couche lavable requiert, en moyenne, 13 m3 d’eau, 270 grammes de pétrole et moins d’un arbre entier », avance l’entrepreneuse. Mais les arguments ne s’arrêtent pas à l’exploitation des ressources naturelles. « Concernant les déchets, les couches jetables sont incinérées ou enfouies, sachant que lorsqu’elles sont enfouies elles mettent environ 400 ans à disparaître », rappelle Laetitia. 

« Les couches réutilisables ont une durée de vie bien plus longue et à la fin de leur vie, elles peuvent être recyclées », poursuit Laetitia. Tout cela sans compter sur la dimension hygiénique. « Les couches jetables contiennent des substances chimiques pour retenir l’urine. Elles partent directement dans les muqueuses, ce qui peut causer des réactions allergiques. La couche jetable est hermétique avec le plastique qui la recouvre, elle ne respire pas. Cette chaleur contenue dans la couche n’est pas bonne pour la fertilité », assure la jeune femme. Si ces arguments ne vous ont pas convaincus, reste celui du prix. « À l’achat, il faut compter en moyenne 800 euros pour un kit de 25 couches lavables qui dure 3 ans (et peut-être utilisé pour plusieurs enfants), contre 1500 à 2000 euros, par enfant, pour les couches jetables. 

« Concernant les déchets, les couches jetables sont incinérées ou enfouis, sachant que lorsqu’elles sont enfouies elles mettent environ 400 ans à disparaître »

Laëtitia Geneste, fondatrice de l’Atelier des Langes

Les accessoires de puériculture de seconde-main avec Tikoantik

Mais il n’y a pas que les couches jetables qui peuvent être adoptées pour réduire l’empreinte carbone du secteur de la petite enfance. D’autres initiatives existent en Bretagne. L’entreprise Tikoantik créée en 2022, commercialise des accessoires de puériculture de seconde-main, de la poussettes au lit à barreaux, en passant par les portes-bébés ou les biberons en verre. Leur gamme de produits est assez large, à l’exception des vêtements et des jouets (l‘entreprise Copains des Jouets propose ce service pour les jeux). « Chaque année en France, 16 millions d’objets de puériculture sont vendus neufs alors qu’ils viennent majoritairement d’Asie, qu’ils sont chers, difficiles à recycler avec une courte durée de vie », informe Séverine Inkerman, fondatrice de Tikoantik. Les objets de seconde-main demeurent, quant à eux, difficiles à trouver, « car les normes de sécurité évoluent et que les accessoires sont parfois incomplets », poursuit-elle. Face à ce double constat, Séverine a eu l’idée avec d’autres parents d’imaginer un service de reconditionnement de ces objets, pour leur offrir une seconde-vie avec un retour sur le marché. 

L'entreprise Tikoantik vend des accessoires de puériculture de seconde-main. (©Tikoantik).
Un contrôle qualité pour un reconditionnement optimal 

Après avoir été collectés, les objets passent par un contrôle qualité. « On ne les répare pas, mais on vérifie la sécurité et leur bon fonctionnement. S’il y a des pièces manquantes, on les remplace. Puis, on ajoute la notice, que l’on trouve sur Internet ou auprès du fabricant. Enfin, on attribue à chaque objet un grade d’usure « , détaille Séverinne Inkerman. Les accessoires sont nettoyés en profondeur dans un Esat à côté de Lorient avant d’être mis en vente. À la vente, ils coûtent en moyenne 50 % le prix du même produit neuf.

À l’heure actuelle, l’entreprise travaille pour des particuliers mais surtout à destination des professionnels : « Nos clients sont les crèches, les regroupements d’assistantes maternelles ». Un catalogue est édité chaque trimestre, mais les produits sont aussi exposés sur les sites de vente et ligne, ou dans les locaux de Chouette Coop à Kervignac. La coopérative fusionnera dans quelques mois avec Tikoantik. Pour la collecte, c’est aussi auprès des professionnelles de la petite enfance que Tikoantik se fournit. « On récupère les objets qui ne sont pas cassés, mais qui ne servent plus pour des raisons ergonomiques », explique Séverine Inkerman. En plus des apports à grande échelle, quatre points de collecte sont installés dans le Morbihan.

L’entreprise estime qu’environ 35 tonnes de matériel collectés seront réemployés en 2024, contre 5 l’années dernière. La demande est croissante. D’autant que « la filière des accessoires de puériculture n’est pas réellement organisée pour recycler ou réemployer ses produits, comme peuvent le faire d’autres secteurs avec les obligations REP (responsabilité élargie des producteurs).

Adèle CHARRIER

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