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Cet étudiant breton vient de concevoir un matériau 100 % à partir d'algues
- C’est un projet étudiant transformé en création d’entreprise
- Hugo Kerbrat, 21 ans, a conçu Gwëmon, un matériau aggloméré conçu entièrement à partir d’algues
- Son produit a aujourd’hui une vocation décorative, mais Hugo espère que dans le futur, il pourra détenir d’autres fonctions
Hugo Kerbrat, un étudiant originaire du Finistère, vient de mettre au point Gwëmon, un matériau aggloméré conçu à partir d’algues. Il souhaite ainsi apporter des solutions durables et écoresponsables dans le domaine du design et de l’agencement.
Un matériau « avec une identité prononcée »
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Hugo Kerbrat a de la suite dans les idées. À seulement 21 ans, le jeune étudiant en troisième année de licence en design produit au Lycée Vauban de Brest, vient de créer Gwëmon, un matériau aggloméré, élaboré à 100 % à partir d’une matière première qui borde toutes les côtes bretonnes : les algues !
« Tout a commencé dans le cadre d’un projet universitaire en juin 2023. Nous devions créer un objet. J’ai eu envie de concevoir un biomatériau qui soit le plus naturel possible, sans additif, écoresponsable et issu de sources locales », raconte le jeune entrepreneur. Inspiré par les marques Malakio et Adaozañ (Intéressés ? relisez notre article : Les produits de la mer, nouvelle source d’inspiration des designers) Hugo souhaitait concevoir une matière « avec une identité prononcée », qui soit reconnaissable grâce à sa texture, sa couleur et son aspect général. Les algues, et en particulier le goémon et les laminaires, étaient toutes choisies.
« Sans aucune colle synthétique »
Une fois la matière première trouvée, Hugo a passé plusieurs mois de recherches et développement avant de mettre au point un procédé de fabrication optimal. « Les algues sont d’abord broyées, puis j’ajoute un liant en algues (dont il ne veut pas en dire plus) qui permet de les agglomérer entre elles. Il n’y a aucune colle synthétique » , se félicite Hugo. La mixture est ensuite pressée avant de passer dans un moule. Elle sèche ensuite à l’air libre pendant une dizaine de jours. L’objet est ensuite poncé et verni « pour lui apporter de la durabilité dans le temps ». Le processus de fabrication est low-tech, puisque la majorité des manipulations sont artisanales, parfois même effectuées à la main.
« J’ai souhaité concevoir un biomatériau qui soit le plus naturel possible, sans additif, éco-responsable et issus de sources locales »
Hugo Kerbrat, fondateur de Gwëmon
Un usage décoratif pour commencer
L’étudiant a ensuite réalisé de nombreux tests pour garantir la solidité de son produit. La matière se doit d’être résistante, mais pour quelle utilisation ? « Dans un premier temps, je vais commencer par créer des objets de décoration notamment pour l’art de la table : des présentoirs, des dessous de verre » énumère-t-il. Il souhaite ainsi apporter des solutions durables dans le domaine du design et de l’agencement.
Dans un second temps, Hugo espère que Gwëmon pourra être utilisé « pour fabriquer du mobilier ou des panneaux muraux décoratifs ». Mais avant cette étape, l’entrepreneur doit mettre au point les propriétés thermiques, techniques et acoustiques de sa création. Son matériau n’a pas vocation à remplacer le plastique, mais plutôt le bois car « il peut être percé et poncé », explique-t-il.
De nombreux détails restent donc à peaufiner pour le commercialiser à grande échelle et dans tous les secteurs, mais pour son usage décoratif le produit est déjà au point. Pour ses premières ventes, Hugo souhaite s’adresser à des restaurateurs ou à des magasins spécialisés dans la décoration et l’art de la table. À ce jour, il a même conclu ses premiers partenariats, notamment avec la société bretonne de cosmétique Ile Ségal pour des stands de présentation.
Revaloriser les déchets
Du côté des fournisseurs, là aussi des discussions sont en cours. « J’aimerais pouvoir récupérer les résidus et les déchets des entreprises qui utilisent des algues, pour revaloriser la matière », explique-t-il, pensant notamment à la société JRS Marine Products. Il est encore trop tôt, selon lui, pour évaluer les coûts ou les bénéfices que pourrait générer sa nouvelle activité. Ce qui est certain c’est qu’il souhaite s’y consacrer à temps plein dès la rentrée de septembre, avec la création officielle de son entreprise Gwëmon.