Infos mobilités

Publié le 

À Brest, 10 volontaires testent le Vhélio, un vélo électrique pas comme les autres

Babette et Marc Roual vont troquer leurs vélos contre un vhélio, comme une dizaine d'autres volontaires des environs de Brest.
  • L’expérimentation va durer 1 an
 
  • Un Vhélio leur est mis à disposition par l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) avec le soutien de l’ADEME
 
  • Objectif: remplacer la voiture pour les trajets du quotidien
 
  • Une initiative positive pour décarboner les mobilités
 
 

L’Université de Bretagne Occidentale (UBO) mène une expérimentation sur la mobilité durable grâce au programme baptisé VIMob. Durant 1 an, 10 volontaires vont s’essayer au Vhélio, un véhicule éléctrique, à mi-chemin entre la voiture et le vélo, prêté par l’Université. Tout au long de l’expérience, ils devront faire remonter des informations sur leurs pratiques de déplacement, les difficultés rencontrées… Le but ? accompagner les changement de comportement en matière de mobilité. Avant de monter en selle, la première étape était de construire le vhélio – car ce dernier est open source. MAPInfo a suivi ce montage. Reportage.

Une expérimentation menée sur 1 an

Dans le gymnase de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO), une dizaine de drôles d’engins prennent forme sous les tours de vis d’une cinquantaine de personnes. Il s’agit de Vhélios, des véhicules électriques assez imposants, situés à mi-chemin entre un vélo et une voiture. 

Cet atelier de construction original est en fait le début du programme VIMob, un projet de recherche porté par les deux laboratoires de l’UBO (le LABERS et le LEGO). Pendant un an, l’Université va mettre à disposition de 10 volontaires, ces vhélios – qu’ils doivent eux-mêmes construire – grâce au soutien financier de l’Ademe. L’objectif étant qu’ils adoptent ce nouveau véhicule pour remplacer une partie des trajets du quotidien réalisés en voiture. 

Modèle Vhéliotech (©Vélo solaire pour tous).

« Le constat que l’on fait c’est que sur des trajets courts, les majorité des déplacements s’effectuent en voiture. L’expérimentation veut montrer que des alternatives existent, via des véhicules comme le Vhélio auxquels les utilisateurs ne pensent pas forcément », souligne Nicole Roux, sociologue et encadrante du programme. 

 » L’expérimentation veut montrer que des alternatives à la voiture existent « 

Nicole Roux, sociologue et encadrante du programme VIMob

Un moyen de transport décarboné 

Les dix expérimentateurs, aux profils variés, ont ainsi été sélectionnés selon leurs motivations. En plein réglage de la direction, Éric Vu prend le temps d’expliquer les siennes. « Dans la famille, nous sommes sensibles depuis longtemps à l’impact carbone de nos déplacements. Ce projet avait du sens. Le Vhélio servira à amener les enfants à l’école, pour faire des courses. Pour le moment, nous possédons un véhicule thermique qui sert uniquement pour les vacances, ainsi qu’une voiture électrique. Peut-être que le Vhélio pourrait, à terme, remplacer la voiture électrique pour les trajets de proximité ? »

Sa fille Sen n’attend qu’une chose, fouler les pistes cyclables avec ce nouveau moyen de transport. « À l’école, les copains vont trouver ça super ! Et ça va permettre de faire du sport ». L’avenir des enfants, c’est un peu ce qui dicte les comportements d’Eric et sa femme. « On se pose sans cesse la question de notre impact, de ce qu’on va leur léguer », s’interroge le jeune papa.

Eric Vu et sa famille vont tester le vhélio pendant 1 an en remplacement de leur voiture électrique.
Martin Pavageau a répondu à l'annonce principalement par motivation écologique.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre

La réduction de l’empreinte carbone, c’est aussi ce qui a poussé Martin Pavageau à répondre à l’annonce. « On sait que le secteur du transport est l’un des plus polluants et qu’il faut réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Personnellement, je vais tous les jours au travail à vélo, mais je m’apprête à déménager à Plougastel- Daoulas. La distance est trop longue, je n’aurais pas pu continuer à le faire. Grâce au vhélio, ça sera possible », se réjouit-il. « En adoptant une mobilité décarbonée, on fait notre part, même si en tant que simples citoyens, nous ne sommes pas les plus gros pollueurs »

Plus stable, plus sécurisant qu’un vélo-cargo

Alice Grasset, ingénieure de recherche, instigatrice du projet, passe dans les différents groupes pour suivre l’avancée du montage. « Le Vhélio a été imaginé par un collectif de citoyens pour sortir de la dépendance au véhicule thermique », explique-t-elle. L‘appareil étant open source, « il se monte avec une notice, comme un meuble Ikea ». « Le modèle existe aussi avec un panneau solaire sur le toit », mais faute de moyens, l’UBO n’a pas pris cette option. D’après elle, le vhélio est sécurisant car il est « plus stable qu’un vélo-cargo » tout en permettant de transporter des charges lourdes.

 

À lire aussi : Les professionnels troquent la camionnette pour le vélo

 

Sans passager, le vhélio pèse environ 80 kg.

Porter des charges plus lourdes que sur un vélo

À quelques mètres de là, Marc Rioual est plongé dans le manuel d’utilisation. Lui et sa compagne Babette ont candidaté au projet pour son originalité. « Habituellement, on se déplace à pied ou à vélo, mais l’intérêt que l’on trouve à ce véhicule c’est de pouvoir transporter des charges plus lourdes que sur un vélo », commente le retraité. 

Le vélo pèse 80 kilogrammes, mais il peut supporter bien plus. Avec l’avantage que sa disposition peut évoluer, pour s’adapter à son utilisateur. « Je vais sûrement ajouter une caisse », projette le retraité. En principe, le Vhélio ne requiert pas d’assurance particulière, car sa vitesse ne peut pas excéder 25 km/h. Il est donc censé rouler sur les pistes cyclables, et à défaut sur la route. Ces points seront à éclaircir au fil de l’expérimentation.

Un retour d’expérience utilisateur 

Car pendant 1 an, les utilisateurs devront rendre des comptes sur leur expérience, en remplissant un tableau de bord. Ils devront fournir des informations sur l’autonomie du Vhélio, la modification de leurs habitudes de déplacements, leur périmètre, les charges transportées, la vitesse, le confort, etc. Des données précieuses, qui permettront ensuite aux chercheurs « de formuler des recommandations aux constructeurs et aux pouvoirs publics sur ces nouvelles mobilités », précise Michel Gentrics, enseignant-chercheur en sciences de gestion. 

« Ce qui est sûr, c’est que ça va attirer l’œil » , assure Françis Jaouen, retraité volontaire. Des regards curieux qui laisseront place à des questions, auxquelles les cyclistes du Vhélio se feront un plaisir de répondre. Toujours avec la même ambition : embarquer un maximum d’usagers vers les mobilités décarbonées

Le montage de ce vhélio open source a duré une semaine.

Adèle CHARRIER

Recherche