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Ces agriculteurs s'unissent pour transformer les biodéchets en énergie

- Neuf agriculteurs finistériens se sont rassemblés pour créer un collectif : les biogaziers du bout du monde
- Ils souhaitent transformer les biodéchets en biométhane
- Ils doivent créer une usine d’hygiénation et de déconditionnement pour respecter un processus avant le passage de la matière dans leurs méthaniseurs
Un collectif d’une dizaine d’agriculteurs du Finistère souhaite valoriser les biodéchets produits localement pour les transformer en énergie, grâce à la méthanisation. Avec leur projet Breizh Biodéchets, les Biogaziers du bout du monde comptent ainsi limiter la quantité de déchets incinérés, enfouis ou envoyés hors du département, en créant une usine mutualisée qui devrait voir le jour d’ici 2025. Le processus devrait permettre de fournir en gaz vert 1500 à 2000 foyers par an.
Valoriser les déchets organiques en gaz vert
Le nom des Biogaziers du bout du monde retranscrit à lui seul l’ADN de leur projet. Ces agriculteurs du nord-Finistère ont décidé de se constituer en collectif pour proposer une solution de tri des biodéchets, en les valorisant en gaz vert, une énergie propre.
Aujourd’hui, tous disposent d’une usine de méthanisation sur leurs exploitations respectives. « Nous produisons chacun du méthane, à partir des déjections animales ou des déchets végétaux », explique Yannick Laurent, président des Biogaziers du bout du monde, gérant du Gaec de l’Avel. Une installation qui suffit pour leurs activités, mais qui ne permet pas de transformer de grandes quantités de matières.

Les biodéchets : un gisement à valoriser
Pourtant, c’est bien à grande échelle que la gestion des biodéchets pose problème. La matière organique est là, disponible à la sortie des usines agroalimentaires ou auprès des collectivités, depuis peu avec l’obligation du tri des biodéchets à la source. « Nous étions plusieurs à voir une opportunité de valorisation avec nos méthaniseurs, mais avec les contraintes sanitaires et législatives nous ne pouvions pas la saisir seul ». Aujourd’hui, cette matière organique collectée est enfouie, brûlée ou envoyée dans d’autres départements pour être traitée. « Une démarche aberrante » , d’après Yannick Laurent. D’après lui « la matière produite localement doit être valorisée localement, pour faire fonctionner l’économie du territoire ».
Création d’une usine d’hygiénisation et de déconditionnement
Partageant tous cette vision, les Biogaziers du bout du monde ont décidé de créer une usine d’hygiénisation et de déconditionnement mutualisée. Une fois conçue, elle permettra de réaliser deux opérations préalables à la méthanisation. « L’unité aura pour but de récupérer les biodéchets, de séparer le contenu des contenants en plastique, puis de broyer la matière en enlevant les germes pathogènes pour la pasteuriser ». Il ressortira du processus une sorte de « soupe » plus connue dans le jargon sous le nom de digestat. C’est ce liquide qui sera acheminé vers les méthaniseurs.
« On va contribuer à l’économie locale en produisant de l’énergie propre, tout en aidant les entreprises et collectivités à valoriser les biodéchets »
Yannick Laurent, président des Biogaziers du bout du monde.
Du gaz propre revendu sur le réseau
À la sortie, ce biométhane sera revendu sur le réseau gaz. À GRDF précisément, structure pour laquelle les Biogaziers ont répondu à un appel à projet en 2021. Elle permettra de fournir du gaz pour la consommation courante, ou pour faire rouler des véhicules. Le coût de cette installation s’élève à 4 millions d’euros. Les agriculteurs espèrent bénéficier du soutien des banques et des institutions comme l’Ademe. Le permis de construire n’est pas encore déposé mais cela ne saurait tarder. Les travaux devraient débuter début 2025.

Démarrage des travaux début 2025
Les porteurs de projet tablent sur un démarrage à 10 000 tonnes de biodéchets recyclés par an. Selon leurs calculs, en dessous de ce chiffre l’activité n’est pas rentable. L’usine devrait permettre d’alimenter l’équivalent en gaz de 1500 à 2000 foyers par an. Pour eux, le pari est tout aussi lucratif puisqu’il leur permettra de bénéficier d’engrais à portée de main avec la matière organique restante. « On va contribuer à l’économie locale en produisant de l’énergie propre, tout en aidant les entreprises et collectivités à valoriser leurs déchets », résume Yannick Laurent, enthousiaste. Autre avantage, le projet devrait permettre de créer trois emplois au minimum pour la gestion de l’usine.
Adèle CHARRIER